Les nouvelles attaques rebelles enregistrées dans la localité de Bangassou au Sud-est de la Centrafrique lundi matin figuraient parmi les sujets de discussions
Tous ou presque étaient réunis autour du Premier ministre Nicolas Tiangaye à Bangui. «C’est l’actualité», a confié une source proche de l’entourage du ministre de l’Equipement Crépin Mboli Goumba, porte-parole du nouveau gouvernement d’union nationale formé le 3 février, avec pour composantes la mouvance présidentielle, la coalition rebelle Séléka, l’opposition démocratique dont est issu le Premier ministre, les groupes politico-militaires et la société civile. La dite réunion convoqué d’urgence et sans informations de ce qui se passe exactement sur le terrain se déroulait en absence du Premier ministre en charge de la Défense nationale et président de l’alliance Séléka, M Michel Am Nondokro Djotodia, en déplacement à l’extérieur.

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Cette attaque qui a une fois de plus poussé les populations à se réfugier dans la brousse et quelques villes voisines, a fermement été condamnée par le camp présidentiel dans une série de déclarations. «Il s’agit, à n’en point douter, d’une action de plus, qui vient confirmer l’option de la coalition Séléka tendant à poursuivre coûte que coûte l’occupation du territoire national», a par exemple souligné dans un communiqué publié lundi à Bangui l’ex-ministre de l’Administration du territoire, Josué Binoua, en qualité de ministre délégué par intérim à la Défense nationale. Pour la mouvance présidentielle, la nouvelle attaque «vient une nouvelle fois saper tout effort de mise en œuvre de l’Accord politique de Libreville de 2013 Elle constitue non seulement une violation flagrante de ses dispositions, mais elle compromet dangereusement la poursuite du processus visant à sortir le pays de la crise qu’il traverse actuellement».

Dans le camp Séléka, c’est l’indignation
Séléka est la coalition rebelle ayant pris les armes en décembre pour renverser le pouvoir du président François Bozizé et dont le camp de celui-ci est désigné comme l’auteur de l’attaque de Bangassou, quelques jours seulement après celle menée fin février contre Sido (Nord), à la frontière avec le Tchad. A la suite de ce même conseil de cabinet, les différents porte-parole du mouvement ne sont pas passés par quatre chemins pour indexer le coupable en leur rang tout en signifiant leur désapprobation et leur consternation. Le ministre de la Communication Christophe Ghazam Betty, l’un des cinq dirigeants de la coalition rebelle Séléka avec le leader lui-même Michel Am Nondokro Djotodia, s’est dit «indigné» et «dépité» après cette attaque rebelle de lundi matin contre la ville de Bangassou. «C’est de l’indignation, la consternation, le dépit. Je ne comprends pas pourquoi ce comportement de voyous», a-t-il martelé a-t-il conclu. C’est la même réaction qu’il avait eue à la suite de l’attaque enregistrée fin février contre la localité de Sido (Nord), à la frontière entre la République centrafricaine (RCA) et le Tchad. Une attaque attribuée au chef rebelle d’origine tchadienne Nourradine, avec l’appui de «90 éléments tchadiens qui se sont retrouvés dans Séléka», avait alors laissé entendre Ghazam Betty.

La CPJP indexée
Cette nouvelle attaque a été attribuée à la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) fondamentale, une des factions de Séléka dirigée par le Centrafricain Noureddine Adam qui, après avoir boycotté les pourparlers de paix tenus dans la capitale gabonaise sous les auspices des dirigeants de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC, à laquelle la RCA appartient), s’est rendu à N’Djamena au Tchad avant de regagner Bangui lundi soir. «On attend ce qu’il veut exactement», a dit du chef rebelle Christophe Ghazam Betty, évoquant une division au sein de Séléka, «entre ceux qui veulent la paix et ceux qui ne veulent pas cette paix». D’après lui, «ce n’est pas à cause de petites minorités qui s’excitent que le processus de normalisation de la République centrafricaine va s’arrêter. S’ils ne veulent pas arrêter, on va les contraindre à arrêter» a-t-il promis au terme du conseil de cabinet auquel il a pris part autour du PM Nicolas Tiangaye. Vingt-quatre heures après l’attaque, aucun bilan officiel n’est connu, les sources gouvernementales faisant état d’absence de moyens de communication dans la région concernée. Cette attaque survient au moment où le nouveau gouvernement (d’union nationale) peine à procéder au cantonnement des rebelles Séléka qui doit donner lieu à leur désarmement et celui d’autres groupes armés actifs en RCA.

 

Source : Journal de Bangui