INTERNATIONAL – Le Sahel, cette vaste étendue de l’Afrique qui s’étend de la Mauritanie au Tchad, en passant par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est depuis plusieurs décennies, en proie à de nombreux défis. Lors d’un sommet tenu du 15 au 17 février 2014 à Nouakchott, les chefs d’Etat des cinq pays précités ont décidé de créer une organisation régionale dénommée «G5 Sahel» pour coordonner leurs efforts pour la sécurité et le développement.

Le G5 Sahel cible quatre domaines : défense et sécurité, notamment dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans les cinq pays ; résilience et développement humain; infrastructures, et gouvernance. Plusieurs « projets structurants » ont été mis en œuvre, dont une force conjointe qui a pour mission de combattre le terrorisme et la criminalité transfrontalière dans toute la bande sahélienne. La mise en œuvre de ces projets est accompagnée d’un intense travail diplomatique.

Les organes du G5 Sahel

Le G5 Sahel est structuré autour d’un dispositif de pilotage qui comprend 3 organes principaux : la Conférence des Chefs d’Etat, le Conseil de Ministres et le Secrétariat Exécutif du G5 Sahel (SEG5). 

La Conférence des Chefs d’Etat est l’organe suprême du G5 Sahel et comprend tous les Chefs d’Etat membres. Elle est l’organe de décisions et fixe les grandes orientations et les options stratégiques. La présidence tourne sur une base annuelle entre les pays membres. La Conférence se réunit en session ordinaire une fois par an mais peut se réunir en session extraordinaire sur convocation du Président de la Conférence ou à la demande d’un ou plusieurs Chefs d’Etat. 

Le Conseil de Ministres est l’organe de suivi de la mise en œuvre de la politique du G5 Sahel et assure le pilotage et l’impulsion stratégiques. Il réunit les ministres en charge de l’Economie et de la Planification du Développement des pays membres du G5 Sahel et des ministres dont les programmes et projets sont inscrits à l’ordre du jour de la Conférence. 

Le Secrétariat Exécutif est l’organe exécutif de la Conférence des Chefs d’Etat du G5 Sahel, placé sous l’autorité du Conseil des Ministres du G5 Sahel. Le secrétariat est basé à Nouakchott en Mauritanie et assure la gestion des interfaces stratégiques et opérationnelles, l’administration du fonds commun de financement, le pilotage et l’impulsion opérationnels, le suivi et évaluation de la stratégie. Depuis le sommet du G5 Sahel à Niamey le 6 février 2018, Maman Sambo Sidikou assure le poste du Secrétaire exécutif. Il est assisté dans sa mission par les Chefs de Départements : Résilience, Paix et Sécurité, Infrastructures et Gouvernance.

Des Comités Nationaux de Coordination

Afin de renforcer la coordination, chaque pays membre du G5 a mis en place un Comité National de Coordination (CNC) composé d’experts des secteurs d’intervention. Les CNC sont les répondants du Secrétariat exécutif du G5 et ont pour mission principale d’assurer la coordination et le suivi de la mise en œuvre des stratégies et actions développées dans le cadre de la coopération entre les Etats du Sahel.

Le Programme prioritaire d’investissement (PIP)

Afin d’atteindre les résultats stratégiques et relever les défis de sécurité et de développement dans l’espace sahélo-saharien, les membres du G5 Sahel ont adopté la Stratégie pour le Développement et la Sécurité (SDS) qui reprend les 4 axes stratégiques du G5 Sahel mentionnés ci-dessus : défense et sécurité, gouvernance, infrastructures et résilience et développement humain. Ces axes sont déclinés en un Programme d’Investissements Prioritaires (PIP) élaboré par le G5 Sahel.

En décembre 2018, lors de la Conférence de coordination des partenaires et des bailleurs de fonds du G5 Sahel pour le financement du PIP, l’Alliance Sahel s’est engagée à contribuer à près de 1,6 milliard d’euros au PIP afin d’appuyer les pays du G5 dans l’atteint de leurs objectifs de développement. Y compris 266 millions d’euros au titre du Programme de Développement d’Urgence (PDU) qui s’inscrit dans le PIP et vise à lancer des projets à impact rapide afin de stabiliser les régions transfrontalières les plus vulnérables. 

Un approfondissement continu de la coopération au développement

Le secrétariat de l’Alliance Sahel organise des réunions régulières regroupant la Présidence du G5, le SEG5 et les représentants des Etats membres du G5 afin de suivre et de coordonner les actions déjà en cours et d’identifier les besoins. Par exemple, le SEG5 est systématiquement associé aux réunions de l’organe décisionnel de l’Alliance. Ces sessions marquent une étape importante vers l’approfondissement du travail collectif de l’AS et une meilleure cohérence de ses priorités avec celles du G5 Sahel.

Au cours du sommet de N’Djaména, les 15 et 16 février prochain, la présidence tournante du G5 Sahel passera du président mauritanien Mohamed Ould Cheick El Ghazouani au Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, pour un mandat d’une année. Ce sera une nouvelle présidence, après celle de 2015 à 2017. C’est également à N’Djaména, en novembre 2015, que le G5 Sahel avait pris un tournant décisif, avec plusieurs mesures fortes. Les chefs d’Etat y avaient annoncé la création de la force conjointe militaire, ainsi que d’une école régionale de guerre (basée en Mauritanie), le lancement d’une compagnie aérienne régionale, la construction d’une ligne de chemin de fer reliant les cinq pays, et la suppression des visas.

Le Cadre d’actions prioritaires intégré du G5 Sahel (CAPI)

Afin d’accélérer la mise en œuvre de la SDS, un nouveau Cadre d’actions prioritaires intégré a été adopté en février 2020 par les Chefs d’état du G5 Sahel lors du sommet à Nouakchott. L’objectif du CAPI est de fournir un cadre intégré de référence en matière programmatique. Il est accompagné d’un Plan d’Action qui propose un total de 20 actions à impact rapide qui sont réalistes, mesurables et flexibles à mener sur les volets sécurité et développement dans les zones les plus fragiles. A long terme, l’impact de l’action du G5 Sahel à travers le CAPI est que l’espace sahélien soit réconcilié et engagé sur une trajectoire inclusive de sécurité collective et de développement où l’État est légitime dans son rôle et investit pour les populations locales.

Le sommet de N’Djaména permettra d’adopter le plan de travail annuel 2021. Un plan qui, selon Maman Sambo Sidikou, va prioriser l’accélération des réformes et un meilleur déploiement de la force conjointe, dans l’optique d’une mise en œuvre rapide de nouvelles orientations décidées par les chefs d’Etat, dans le cadre global de l’accomplissement de la SDS.