MAROUA (Cameroun), 3 mai (Xinhua) — Le ministre camerounais des Postes et Télécommunications, Jean-Pierre Biyiti bi Essam, a procédé vendredi à Maroua dans la région de l’Extrême-Nord, en présence du conseiller économique et commercial près l’ambassade de Chine au Cameroun, Gao Yongqing, à la réception officielle d’un réseau de transmission par fibre optique financé en partie par la Chine.

Doté d’un prêt de 61,233 millions de dollars (30,6 milliards de francs CFA) financé à 85% par Eximbank de Chine et 15% de contrepartie du gouvernement camerounais, ce projet lancé en décembre 2009 à Kyé-Ossi, localité du Sud du Cameroun frontalière de la Guinée équatoriale, a été achevé en juillet 2012 grâce aux travaux exécutés par l’entreprise chinoise Huawei, leader mondial des télécommunications.

Avec ce réseau, c’est l’ensemble des dix chefs-lieus de régions et une centaine de chefs-lieux de départements et d’arrondissements de ce pays d’Afrique centrale qui se trouvent interconnectés par le câble à fibre optique, a renseigné le ministre des Postes et Télécommunications, en présence du secrétaire général du ministère tchadien des Postes et des Nouvelles Technologies, Noël Yamta.

« C’est le point de départ d’un accès généralisé à l’Internet », a-t-il indiqué, annonçant la réalisation assurée d’un linéaire total de plus de 6.000 km aux quatre coins du territoire national et un projet de 4.000 km supplémentaires sur la base d’un autre financement chinois pour lequel un mémorandum d’entente (MoU) est d’ores et déjà signé entre les deux gouvernements.

De l’avis du directeur général de Cameroon Telecommunications (CAMTEL, opérateur gouvernemental des télécommunications), David Nkoto Emane, cet outil répond à l’ambition des autorités camerounaises de mettre sur pied une infrastructure des télécommunications nationale solide et crédible, ayant l’avantage d’offrir des services d’Internet de qualité et de téléphonie mobile fiabilisés.

Situé entre 2,5 et 10 Gbits par seconde, son débit permet 129. 000 communications téléphoniques simultanées, a-t-il précisé en outre.

Pour le conseiller économique et commercial près l’ambassade de Chine au Cameroun, « ce projet va jouer un rôle dans la vie économique, sociale et politique du Cameroun (..) Un jour, les peuples du grand Nord, désenclavés par ce projet, peuvent vendre leurs grosses mangues et la viande bovine par Internet ».

Il comporte des bretelles vers les pays voisins dont le Tchad qui a accepté de faire transiter son trafic international par ce réseau, plutôt que par le Soudan comme initialement planifié. Entre N’Djamena et Yaoundé, l’interconnexion est ainsi effective depuis mars 2012.

« C’est une cérémonie qui a une importance très capitale non seulement pour le Cameroun, mais pour le Tchad aussi, et même pour les autres pays d’Afrique centrale. Le Tchad s’est déjà connecté à cette technologie. Donc, le déploiement de la fibre optique à travers le territoire constitue franchement un décollage des infrastructures de télécommunications », a souligné à Xinhua Noël Yamta.

« A travers la connexion de la fibre optique sur le SAT3 ( câble sous-marin ayant son point d’tarressiage à Douala au Cameroun), au niveau du Tchad le débit a augmenté. Pour appeler par exemple au Cameroun, avant on passait par la France ; mais si on déploie ce réseau, on n’a plus besoin de passer par un autre continent pour appeler entre les pays voisins », a ajouté le responsable tchadien.

Egalement présent à la cérémonie, le représentant-résident de l’Union internationale des télécommunications (UIT) pour l’Afrique centrale et Madagascar à Yaoundé, Jean-Jacques Massima Landji, a lui aussi salué à Xinhua le fait que « ces 3.200 km complètent le dispositif de l’axe dorsal du Cameroun et surtout important dans la continuité de l’interconnexion avec le Tchad et les autoroutes de l’information pour l’Afrique centrale ».

« Nous nous réjouissons de ce que la composante Cameroun se complète de jour en jour, le réseau est densifié, et que l’accès est disponible pour la plupart des populations camerounaises et des populations riveraines du Tchad, qui permet aux uns et aux autres d’utiliser les Tic non seulement pour les besoins de communication mais aussi pour les besoins économiques, de création d’entreprises, de vente des marchandises et en fait de création des richesses qui contribuent à réduire la pauvreté », a-t-il poursuivi.

Reste maintenant à créer le contenu. « Evidemment, a par ailleurs mentionné l’expert onusien, j’en appelle aux braves populations de l’Extrême-Nord à se lancer dans la création de contenus de cette richesse qui doit être vulgarisée, transportée, véhiculée à travers ce réseau pour que de partout en Afrique centrale et dans le monde nous puissions vivre les réalités de ces populations, converser avec elles et échanger sur la toile ».

Il y a trois ans pourtant, le Cameroun ne comptait qu’à peine un millier de kilomètres de câble à fibre optique, installé le long du pipeline Tchad-Cameroun (à la faveur d’un financement de la Banque mondiale dans le cadre du projet Central Africa Backbone, CAB, destiné à interconnecté les pays d’Afrique centrale), a rappelé le ministre Biyiti bi Essam.

« Un réseau national de transmission de fibre optique est certes important, mais il reste insuffisant pour notre pays », a-t- il noté cependant. D’où l’objectif de 10.000 voire 20.000 km de linaire global « pour pouvoir mailler tout le pays ». En plus du chantier réceptionné, a-t-il affirmé, l’aide de la Chine sera davantage d’un apport déterminant pour d’autres projets à venir.

Depuis 2011, la deuxième puissance économique mondiale est devenue le premier bailleur de fonds du Cameroun, a relevé Gao Yongqing, qui a cité les importants financements au profit des projets du port en eau profonde de Kribi, de l’autoroute Douala- Yaoundé, des barrages hydroélectriques de Mékin et de Memve’ele et de 1.500 logements sociaux à Yaoundé et Douala.