Madame Mariam Sankara, veuve du président Thomas Sankara a réclamé toute la lumière à son défunt mari, à l’occasion du 30ème anniversaire de son assassinat, ce dimanche 15 octobre 2017.

Dans une déclaration publiée depuis Montpellier où elle réside, la veuve de Sankara explique que l’assassinat de son époux et de ses compagnons, le 15 Octobre 1987, a interrompu une expérience de développement originale et prometteuse de l’histoire de l’Afrique contemporaine.

“A travers sa politique, Thomas a défendu, en donnant lui-même l’exemple, les valeurs essentielles telles que l’intégrité, l’honnêteté, l’humilité, le courage, la volonté, le respect et la justice. En mobilisant les différentes composantes de la société, il s’est battu, de façon acharnée, contre la dette, pour le bien-être de tous les Burkinabè, la promotion du patrimoine culturel burkinabè et l’émancipation de la femme. Il a incité ses concitoyens à se prendre en charge pour vivre dignement. Bref, il a refusé la soumission au diktat des plus puissants de ce monde, a pris la défense des plus faibles et des plus défavorisés”, témoigne madame Sankara.

Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè, a été tué avec douze de ses compagnons en octobre 1987 dans un coup d’Etat qui avait porté son frère d’arme, Blaise Compaoré au pouvoir.

“Imprégnés de ces valeurs et de ces idées, vous avez, à travers l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, mis fin au régime dictatorial de Compaoré. Cette insurrection a permis au peuple de reprendre la parole pour exiger, entre autres, la fin de l’impunité, la réouverture du dossier de justice sur l’assassinat de Thomas Sankara et ses compagnons, celui de Norbert Zongo et tant d’autres”, souligne madame Sankara.

Depuis lors, la justice burkinabè peine à faire la lumière sur la mort de ce jeune président de 37 ans qui faisait déjà parler de lui aussi bien en Afrique que dans le reste du monde à travers son idéologie révolutionnaire.

Mais avec l’insurrection d’octobre 2014 qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir, les lignes bougent selon des sources judiciaires.

La décision prise au Burkina Faso par les autorités de la transition de rendre enfin justice à Thomas Sankara a suscité un immense espoir au Burkina, en Afrique en général et dans le monde. Mais on est toujours dans l’attente de la justice, explique la veuve de deux enfants.

Les choses avancent au niveau de la justice concernant le dossier de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara le 15 octobre 1987 dans un coup d’Etat qui avait porté Blaise Compaoré au pouvoir, a déclaré vendredi à Dakar (Sénégal) le président burkinabè Roch Marck Christian Kaboré.

Plusieurs milliers de personnes dont le président burkinabè Kaboré et l’ancien président ghanéen, Jerry John Rawlings, ont participé, début octobre, dans un stade omnisport de Ouagadougou, au lancement officiel de la campagne des souscriptions populaires pour la construction d’un mémorial pour honorer la mémoire de Thomas Sankara.

Dix jours après le lancement de l’opération, ses initiateurs ont annoncé mercredi dernier avoir reçu à ce jour plus d’un milliard de FCFA. Un concours architectural sera lancé pour la conception d’une maquette du monument.

“Nous sommes attachés, comme nombre de nos compatriotes, à la défense et à la sauvegarde de la mémoire de Thomas Sankara. Je tiens à saluer cette initiative de la société civile (…) Toutefois, la famille tient à ce que ce mémorial ne soit pas construit dans l’enceinte du Conseil de l’Entente qui rappelle de douloureux souvenirs en raison des assassinats et des tortures qui ont marqué ce lieu”, declare-telle.

Pour Mariam Sankara, la requête de la société civile et des familles est claire. “Nous voulons connaître au plus vite les commanditaires et les exécutants de cet assassinat et ceux des autres crimes”.

“Retarder la quête de vérité, c’est jouer le jeu des assassins de Thomas Sankara et de ses compagnons. Ne pas rendre justice, c’est refuser une sépulture digne pour Thomas Sankara et ses compagnons, c’est empêcher les familles de faire leur deuil”, a-t-elle dit.