Au moins douze personnes – dix supplétifs de l’armée et deux civils – ont été tuées samedi dans une embuscade tendue par des jihadistes présumés dans le nord du Burkina Faso, a appris dimanche l’AFP de sources sécuritaire et locale.

“Hier (samedi) matin, un convoi de vivres escorté par des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), a été la cible d’une embuscade sur l’axe Dori-Gorgadji”, au cours de laquelle “12 personnes ont été tuées”, a indiqué une source sécuritaire. “Il s’agit de dix VDP et de deux civils, des commerçants”, a expliqué la même source.

Un responsable local des volontaires, joint par l’AFP a confirmé le bilan de “10 VDP tombés”, précisant que “quatre autres ont été blessés et pris en charge à Dori”. Vendredi, “trois autres VDP” sont morts lors d’une autre attaque à Retkoulga, dans la province du Namentenga, toujours dans le nord du pays, a également indiqué cette source.

Les VDP, supplétifs civils de l’armée peu formés et mal armés, paient un lourd tribut à la lutte antijihadiste au Burkina Faso. Dans la nuit de samedi à dimanche, un autre volontaire a été blessé lors d’une attaque qui a ciblé la maison d’arrêt et de correction de Nouna, chef-lieu de la province de la Kossi, dans le nord-ouest du pays, toujours selon ce responsable. “Plusieurs dizaines de détenus ont été libérés suite à cette attaque contre la prison et plusieurs bureaux saccagés et des véhicules incendiés par les assaillants”, a-t-il précisé.

Le Burkina Faso, en particulier le nord et l’est, est la cible d’attaques jihadistes depuis 2015, perpétrées par des groupes armés dont certains sont affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique, qui ont fait plus de 2.000 morts et 1,8 million de déplacés. Jeudi, onze personnes – sept soldats et quatre VDP – avaient été tués dans deux embuscades tendues par des “terroristes” dans les régions du Nord et du Centre-Nord, selon l’état-major du Burkina.

Le nouvel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a renversé le 24 janvier le président élu Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’être inefficace face à la violence jihadiste, a fait de la question sécuritaire sa “priorité”. Après une relative accalmie les semaines suivant sa prise de pouvoir, le régime militaire de M. Damiba fait face à une recrudescence d’attaques de jihadistes présumés qui ont fait plus de cent morts, civils et militaires. Début avril, le chef de l’Etat a annoncé la création de comités locaux de dialogue avec des groupes jihadistes locaux pour tenter d’enrayer les violences.