YAOUNDE, 26 février (Xinhua) — Troisième source de devises dans l’industrie touristique dans le monde, l’artisanat représente entre 20 et 35% d’apport au produit intérieur brut (PIB) des économies africaines et sa professionnalisation connaît une amélioration croissante, se réjouissent des participants de la 4e édition du Salon international de l’artisanat du Cameroun (SIARC) tenu à Yaoundé.

Devenu au fil des éditions comme un des événements phares du secteur en Afrique, le SIARC accueille au cours de sa nouvelle présente organisée depuis le 20 février jusqu’au 2er mars et officiellement inaugurée lundi, entre 1.500 et 2.000 exposants en provenance d’une quinzaine de pays étrangers, d’après les estimations officielles.

Des délégations du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) au Burkina Faso, le plus célèbre du continent, du Salon international de l’artisanat pour la femme (SAFEM) du Niger et du Comité de coordination pour le développement et la promotion de l’artisanat africain (CODEPA), organisation regroupant 26 pays dont le Cameroun, y prennent aussi part.

Coordonnatrice du SAFEM, Mme Bibata Niandou Barry affirme inscrire sa participation dans le cadre de l’intégration entre les pays africains.

“Nous voudrions que l’artisanat soit un facteur fédérateur, qu’ il puisse faire regrouper les peuples. C’est un message fort que nous voulons lancer par notre participation à ce salon”, a-t-elle déclaré à Xinhua.

Les estimations officielles estiment à 20% l’apport de l’ artisanat au PIB nigérien. Sur environ 650 petites et moyennes entreprises artisanales, plus de 500 appartiennent aux femmes, d’ où l’organisation du SAFEM rendu à sa 8e édition en novembre- décembre 2013, explique Mme Barry.

“Nous sommes de très grands artisans et nous le faisons dans tout, sauf le bois, note-t-elle. Parce que tout simplement le Niger n’est pas un pays producteur de bois et là j’ai découvert vraiment de belles choses et des choses utilitaires en bois. Donc, ce qui serait bien est que ces choses que nous n’avons pas se retrouvent chez nous et ce que nous, nous avons vienne se retrouver ici”. La Nigérienne fait part de la volonté de “créer un grand marché pour tous les artisans”, une préoccupation qui rappelle le projet de galerie virtuelle que tentent de mettre en place les 26 pays membres du CODEPA, à l’origine de la création de la Confédération des artisans africains lors du SIAO de 2013.

Selon le directeur par intérim de la promotion du salon burkinabè, Georges Désiré Ouédraogo,”il y a quelques décennies, l’ artisanat était perçu comme le métier de recours de ceux qui n’ avaient pas réussi ailleurs. Mais cette idée a très vite changé. L’ artisan est un professionnel, ce n’est pas un bricoleur. L’artisan est un créateur culturel et de richesses. Il met en valeur les ressources locales”.

“On s’est rendu compte que dans l’économie des pays d’Afrique, selon que l’on se trouve en Afrique orientale, centrale ou de l’ Ouest, les différents artisanats des différents pays contribuent de 20 à 35% au produit intérieur brut”, démontre l’ex-directeur général de l’artisanat du Burkina Faso.

Il salue à cet effet la prise de conscience ayant amené les différents gouvernements à travers l’Afrique à adopter des politiques de promotion et de développement.

“Je prendrai le cas particulier des pays de l’UEMOA, Union économique et monétaire ouest-africaine qui a mis en place une politique communautaire de promotion de l’artisanat, a tendance à harmoniser les règlementations au niveau de l’artisanat”, déclare M. Ouédraogo.

Au Burkina Faso, une Chambre des métiers de l’artisan existe depuis 2010. C’est l’interface entre les artisans et l’ administration, et qui assure la formation des artisans y compris la participation à la conception et à la concertation en vue de la mise en place des textes adaptés au secteur.

Mieux que leurs collègues d’autres pays africains, les artisans ont progressivement accès aux crédits, mais cet accès reste limité, déplore cependant Ouédraogo.

“Dans des banques classiques, cela a commencé il y a quelques années. Sinon avant, c’était des caisses qui étaient mises en place et des lignes qui étaient négociées auprès de certains établissements bancaires”, dit-il.

“De plus en plus nous assistons à la mise en place de lignes dédiées à ce que d’autres appellent malencontreusement le secteur informel, mais nous persistons à dire que l’artisanat n’est pas informel, il est organisé, il a une adresse, une spécialisation, une expérience et une connaissance”, revendique le responsable institutionnel.

Invitée d’honneur pour la deuxième fois consécutive après l’ édition de 2012, la Malgache Bakoly Ramanitra est l’un des exposants les plus en vue du 4e SIARC dans la capitale camerounaise.

“On a ciblé surtout les consommateurs. Il y a des accessoires de mode pour les femmes et il y a aussi des produits pour l’ intérieur, comme cette table, la boîte à bijoux, les nappes, je veux dire vraiment des produits qu’on utilise tous les jours”, a-t- elle confié à Xinhua.

Ces productions font le tour des salons sur le continent à l’ instar du SIAO et ailleurs dans le monde.

“Il y a beaucoup de clients qui ont demandé notre participation pour la deuxième fois cette année et puis on a tissé beaucoup de relations professionnelles avec de nouveaux clients. Donc, c’est pour la continuité”, se réjouit la promotrice de Liana Création, une PME artisanale qui dispose à Antananarivo d’un atelier de production d’un effectif d’une centaine d’employés permanents.

“Quand c’est la haute saison, c’est-à-dire quand on a beaucoup de commandes, entre octobre et mai, on embauche et ça peut aller jusqu’à 150 ou 200 personnes, sans compter les ateliers qui travaillent avec nous. Ce son trois grands ateliers”, renseigne Ramanitra du haut de ses 15 ans d’une expérience professionnelle qui lui a valu de bénéficier depuis deus ans d’un financement de l’ Union européenne (UE) et d’accéder aux marchés d’exportation français et italien.

“Les salons internationaux de l’artisanat africain sont des tribunes de promotion, de communication et de marketing pour les produits de l’artisanat et pour les artisans eux-mêmes. Cela permet la visibilité des artisans, de faire connaître leurs produits, leurs méthodes de travail, leurs aspirations et le but final que tout artisan dessine dans son esprit à la production qu’ il met en oeuvre et le message culturel que chaque produit véhicule”, peut alors résumer Georges Désiré Ouédraogo.