Selon l’étude, basée sur un échantillon représentatif de 45 555 personnes, l’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée par l’insécurité hydrique à l’échelle mondiale devant l’Afrique du Nord, l’Amérique latine et l’Asie.

Le rapport, publié le 10 novembre par des chercheurs américains dans la revue scientifique The Lancet Planetary Health est intitulé « Estimating national, demographic, and socioeconomic disparities in water insecurity experiences in low-income and middle-income countries in 2020–2021 ». Il se base sur une grande enquête menée en 2020 et 2021 auprès d’un échantillon représentatif de 45 555 personnes âgées de plus de 15 ans dans 31 pays à revenu faible et intermédiaire dans quatre régions du monde : l’Afrique subsaharienne (21 pays), l’Afrique du Nord (4 pays), l’Amérique Latine (3 pays) et l’Asie (3 pays).

Dans chacun de ces pays, au moins 1000 personnes vivant dans les villes, à la périphérie des agglomérations urbaines et dans les campagnes ont été appelées à présenter leurs expériences individuelles d’insécurité hydrique (Individual Water Insecurity Experiences /IWISE) durant douze mois. Ces personnes appartenant aux diverses catégories socio-économiques ont répondu à 12 questions qui évaluent les possibilités d’accès à l’eau, dont la fréquence à laquelle les sondés s’inquiétaient de ne pas avoir assez d’eau, la fréquence à laquelle ils ne pouvaient pas se laver les mains ou encore la fréquence à laquelle ils devaient changer leurs habitudes alimentaires à cause du manque d’eau.

Réalisée avec le concours de l’Institut de sondage américain Gallup et sous la supervision de l’anthropologue Sera Young de l’Institute for Policy Research, l’enquête révèle que l’Afrique subsaharienne affiche le taux moyen le plus élevé d’insécurité hydrique. Dans cette région, 36,1% des personnes interrogées déclarent avoir fait face de manière récurrente au manque d’eau durant les douze mois ayant précédé l’enquête.

Fortes disparités entre les pays au sein d’une même région  

En Afrique subsaharienne, la prévalence de l’insécurité hydrique est particulièrement élevée au Cameroun (63,9%), en Zambie (48,1%), au Kenya (46,6%) et en Ethiopie (45%). L’Île

Maurice et les pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Mali affichent cependant des taux largement inférieurs à la moyenne régionale (moins de 23%).

Avec un taux moyen de 24,8%, l’Afrique du Nord est la deuxième région où la prévalence de l’insécurité hydrique est la plus élevée. Dans cette région, des disparités existent également entre les pays : 28,9% en Algérie et 27,2% en Egypte contre 14% seulement au Maroc. 

En Amérique latine, le taux moyen d’insécurité hydrique s’élève à 17,7% alors qu’il n’est que de 9,1% en Asie.

A l’échelle de l’ensemble des 31 pays à revenu faible et intermédiaire étudiés, le taux moyen des personnes qui n’ont pas un accès régulier à l’eau s’élève à 14,2%, soit à peu près 436 millions de personnes sur une population globale de 3,06 milliards d’âmes.

Le rapport souligne d’autre part que les hommes sont généralement légèrement plus exposés à l’insécurité hydrique que les femmes en Afrique subsaharienne (36,9% contre 35,2%).

En Afrique du Nord, ce sont en revanche les femmes qui souffrent plus que les hommes du manque d’accès à l’eau (28,1% contre 21,7%).   

En Asie et en Amérique latine, les femmes sont également plus exposées que les hommes à l’insécurité hydrique.

De façon générale, les personnes à faible revenu et celles résidant à la périphérie des villes ou dans les campagnes sont plus touchées par le manque d’eau que les citadins et les personnes appartenant aux classes sociales supérieures. Dans quinze pays d’Afrique subsaharienne, les ménages urbains à haut revenu étaient trois fois plus susceptibles d’avoir accès à de sources d’eau salubres que les ménages urbains à faible revenu.

Avec l’agence Ecofin