Face à un coût annuel de la violence estimé à 614 milliards de dollars en Afrique subsaharienne, un nouveau mouvement panafricain entend inverser la tendance. Baptisé Objectif Paix en Afrique (OPA), ce collectif citoyen et interreligieux a été officiellement lancé à Abidjan avec pour ambition de faire de la paix un levier stratégique du développement économique et social sur le continent.
Selon l’Institute for Economics & Peace (2024), la violence prive chaque année la région d’un montant équivalant à une fois et demie le PIB de pays comme le Nigéria ou l’Afrique du Sud, et 17 fois les budgets cumulés de la santé et de l’éducation des quinze pays membres de la CEDEAO. Au-delà des pertes économiques, ce sont plus de 89 000 vies humaines qui ont été fauchées et 34,8 millions de personnes déplacées en Afrique subsaharienne à fin 2023, selon l’IDMC.
Face à ce constat, OPA, porté par le Pasteur Amagou W. Zahui aux côtés de figures telles que le Révérend Père Éric Norbert Abekan et l’Imam Cheikh Ahmad Tidjane Diabaté, propose une approche inédite : la diplomatie spirituelle. En s’appuyant sur les communautés religieuses, qui représentent près de 80 % de la population ivoirienne, le mouvement souhaite restaurer le tissu social, sensibiliser aux valeurs de paix et désamorcer les tensions avant qu’elles ne dégénèrent.
« Nous refusons de considérer la paix comme un coût ; elle est le plus rentable des investissements pour l’avenir de nos enfants », a déclaré le Pasteur Amagou W. Zahui lors de la conférence inaugurale d’OPA. Pour lui, chaque effort de prévention des conflits constitue un capital pour les générations futures et un moteur essentiel à la croissance durable.
Le lancement du mouvement a été marqué par une conférence internationale au Palais de la Culture d’Abidjan, placée sous le thème « La Puissance de l’Unité : la religion comme vecteur de fraternité agissante et de développement économique durable ». L’événement a rassemblé plus de 4 000 participants — leaders religieux, acteurs de la société civile et représentants du secteur privé —, jetant les bases d’une mobilisation panafricaine pour bâtir un avenir pacifique et prospère.
OPA, déjà actif à Abidjan avec des actions de solidarité touchant plus de 5 000 familles, espère essaimer son modèle sur l’ensemble du continent, convaincu qu’un dividende de la paix pourrait sauver 35 millions de vies et générer plus de 600 milliards de dollars de croissance annuelle.