ARUSHA (Tanzanie), 16 octobre (Xinhua) — Les universitaires et experts des changements climatiques de toute l’Afrique ont appelé mercredi les décideurs et les acteurs politiques à utiliser efficacement les résultats des recherches pour permettre au continent d’atténuer plus facilement l’impact des changements climatiques.

Ils ont lancé cet appel à Arusha, grand centre de safaris dans le nord de la Tanzanie, en s’adressant à la conférence sur les changements climatiques organisée par le Programme mondial de recherche sur le climat (World Climate Research Program ou WCRP) et par le Centre africain de politique climatique (African Climate Policy Center ou ACPC), en collaboration avec l’université tanzanienne de Dar es Salaam (UDSM).

Cette réunion de trois jours a attiré près de 500 décideurs politiques, chercheurs sur le climat, scientifiques et experts de 68 pays d’Afrique et du reste du monde.

Leur appel survient en réaction à une étude récente qui montre que le climat en Afrique a changé de manière importante en trois décennies, et que la température moyenne devrait augmenter en moyenne de 1,90 à 3,60 degrés Celsius d’ici à la fin du siècle, entraînant une montée des eaux de un mètre.

Le vice-chancelier de l’UDSM Rwekaza Mukandala a déclaré que la tendance des décideurs politiques et autres à continuer d’ignorer les conclusions de la recherche plaçait le continent dans une situation délicate.

“Il y a plusieurs études qui ont été menées en Afrique mais peu d’entre elles ont été utilisées, en termes d’adoption des mesures recommandées. C’est ce qui place la région dans une situation délicate en matière de mesures d’atténuation des changements climatiques”, a-t-il déclaré.

Le directeur du Centre pour l’étude des changements climatiques au sein de l’UDSM, Pius Yanda, a également estimé que les changements climatiques affectaient sérieusement les Africains.

Il a souligné certains des effets des changements climatiques, évoquant les difficultés pour l’agriculture, la montée des températures et du niveau de la mer, la baisse des prises de la pêche, ou encore les litiges sans fin entre agriculteurs et éleveurs sur les zones humides, qui sont une leçon essentielle et montrent l’urgence d’une intervention des parties prenantes.

Il a également constaté que les capacités actuelles de l’Afrique pour s’adapter aux changements climatiques étaient extrêmement limitées.

“Malgré le fait que l’Afrique ait moins contribué au réchauffement climatique, elle sera affectée sévèrement. Il n’est pas étonnant que le continent ait un rôle à jouer dans l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre”, a-t-il dit.

Les experts des changements climatiques ont clairement indiqué que le continent devait se concentrer principalement sur les questions d’adaptation, soulignant les efforts nécessaires pour répondre à ces défis.

Les experts ont appelé les pays à s’assurer qu’ils disposent de ressources financières importantes ainsi que de politiques adaptées et de personnes bien informées pour ce processus.

La directrice actuelle du centre pour les relations internationales au sein de l’UDSM, Esther Dungumaro, a également appelé les Africains à veiller dans leur pays respectif à jouer un rôle majeur pour la préservation de l’environnement.

“L’impact des changements climatiques ne connaît pas d’excuses, il affecte tout le monde, aussi chacun doit jouer son rôle”, a-t- elle dit.

Le vice-président tanzanien Mohammed Ghirib Bilal a appelé les chercheurs à identifier l’état des connaissances concernant le système climatique africain, observant les limites actuelles des connaissances dans ce domaine.

“Il y a eu beaucoup de recherches effectuées ces trois dernières décennies, mais peu de choses ont été faites, ce qui permet aux changements climatiques de continuer de ruiner des pays partout dans le monde. Les pays en développement sont exposés à ce défi”, a-t-il dit, appelant les acteurs et décideurs à sortir de leurs bureaux et à travailler sur les recommandations formulées par les chercheurs pour débarrasser l’Afrique de l’impact négatif des changements climatiques.

Cette réunion est destinée à définir un progrmme africain pour l’avenir de la recherche sur le climat.