Le prix Nobel de la paix 2018 a été décerné, ce vendredi 05 octobre, à deux lauréats : le gynécologue congolais Denis Mukwegue et l’activiste Yézedie Nadia Mourad. Ils sont récompensés pour leur combat contre les violences de guerre.

Denis Mukwegue dédie son prix Nobel de la paix à toutes les femmes frappées, humiliées, violées depuis plus de vingt ans en République démocratique du Congo. C’est au cœur du combat de sa vie, dans l’hôpital de Penzi qu’il a ouvert en 1999 à Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, que l’éminent gynécologue a appris la bonne nouvelle. « J’étais en train d’opérer quand soudain on a commencé à hurler », raconte-t-il sur le site officiel du Nobel.  « Je peux voir dans le visage de nombreuses femmes à quel point elles sont heureuses d’être reconnues. C’était vraiment touchant » poursuit-il modestement.

A 63 ans, celui qu’on surnomme ’L’homme qui répare les femmes’’ ou’Docteur miracle’’ a vu passer des horreurs dans son bloc opératoire. 50 000 femmes, adolescentes, et même petites filles ont déjà  été soignées dans son établissement. Toutes victimes des soldats ivres de sang, des bandes armées sans pitié ou de groupes de délinquants jetés dans les deux guerres congolaises successives de 1996 à 2003.

Premier congolais récompensé par le Nobel de la paix

Denis Mukwegue, fils d’un pasteur pentecôtiste, a la réputation de ne jamais abandonner. Il a fait ses études à Angers, dans le centre –ouest de la France, puis il est revenu pour faire sa spécialisation en gynécologie-obstétrique. Il aurait pu y vivre, à l’abri de la violence. Non, il a préféré rentrer dans son pays et rester, même au plus fort de la tourmente. En 1996, son premier hôpital installé à Lemara, dans le Sud-Kivu, a été entièrement ravagé en 2012.