Au Maroc, c’est l’indignation totale après les propos jugés diffamatoires du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, accusant des entreprises marocaines de “blanchir l’argent du haschich” en Afrique.

Le gouvernement marocain a été le premier à réagir en rappelant son ambassadeur à Alger pour consultation. Qualifiant dans un communiqué les déclarations de M. Messahel de “gravissimes”, le ministère marocain des Affaires étrangères a également indiqué avoir convoqué vendredi soir le chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie pour lui faire part du “caractère irresponsable, voire enfantin” des propos visés.

C’est lors de l’université d’été du Forum des entreprises que le ministre a eu ces mots “malheureux et peu diplomatiques” à l’endroit de son voisin. “Les banques marocaines, c’est le blanchiment de l’argent du haschisch, ça tout le monde le sait. C’est des chefs d’Etats africains qui me le disent”, a affirmé Abdelkader Messahel, selon des extraits de l’intervention largement partagés samedi matin sur les réseaux sociaux et internet. Il enfoncera le clou en s’attaquant aussi à la compagnie aérienne nationale. “Si c’est ça les banques, je ne sais pas, personne ne nous impressionne. La Royal Air Maroc (la compagnie publique marocaine, ndlr) transporte autre chose que des passagers, et cela tout le monde le sait. On n’est pas le Maroc, On est l’Algérie. On a un potentiel, on a de l’avenir. Nous sommes un pays stable”, a-t-il renchéri.

Après la réaction de l’Etat, c’est au tour des banques, des syndicats et même de la diplomatie représentée au Maroc de monter au crénau pour tirer sur le ministre. Propos irresponsables, infondés, insultes à l’intelligence même des patrons algériens… La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) est allée, elle aussi, au front. De même pour le corps diplomatique africain à Rabat, dont le doyen, l’ambassadeur centrafricain Nimaga Ismaila, a pris ses distances avec des propos qualifiés d’« incompréhensibles », « osés » et qui ne font « qu’envenimer la situation ».

Et la presse aussi…

Lundi 23 octobre, la presse marocaine a critiqué la sortie de Abdelakder Messahel, une partie dans des termes assez violents, tandis que quelques titres algériens n’ont pas hésité à épingler le ministre. « Abdelkader Messahel a défendu l’Algérie en insultant les autres », relève le quotidien El Watan. Dans son éditorial, le journal algérien dénonce « les éructations d’un régime qui se pense le meilleur en tout », accusant le ministre d’impliquer l’Algérie « dans une inutile sur-crise avec le Maroc ». « Le ministre des Affaires étrangères n’ignore pas que les temps sont mûrs pour les va-t-en-guerre des deux côtés », a de son côté mis en garde Le Matin d’Algérie.

Mais malgré le tollé suscité par cet incident, la diplomatie algérienne n’a pas réagi officiellement. Ni aux propos de Abdelkader Messahel, ni au rappel par le Maroc de son ambassadeur à Alger. Probablement pour éviter d’envenimer la situation.

 

avec Jeuneafrique