Le Tchad ne pourra pas se porter partie civile lors du procès de Hissène Habré qui devrait se tenir au Sénégal. Ce mercredi matin, la Chambre d’accusation du Tribunal spécial chargé de le juger a déclaré irrecevable la constitution de partie civile de l’Etat tchadien. L’ancien président du Tchad est incarcéré depuis le 2 juillet 2013. Un tribunal spécial avait été créé à Dakar pour le juger de crimes de guerre, qu’il aurait commis lorsqu’il était au pouvoir de 1982 à 1990.

Le 25 février dernier, l’Etat du Tchad avait déposé une demande de constitution de partie civile auprès des Chambres africaines, à Dakar. Le ministre de la Justice, Béchir Madet, estimait alors que son pays avait été « victime de pillages économiques », perpétrés par l’ancien président Hissène Habré, au moment de sa chute en 1990.

Mais en juin, cette demande a été rejetée une première fois par la commission d’instruction des chambres africaines. Le Tchad a ensuite fait appel de cette décision. Et ce mercredi, la chambre d’accusation rejette à son tour, cette demande : « Le pillage n’est pas une infraction visée par la procédure en cours », explique un responsable des Chambres africaines. « Ce tribunal spécial, précise cette source, a été mis en place pour juger « des crimes de guerres, des crimes contre l’humanité et des actes de tortures ».

Dès l’annonce de cette décision, les familles de victimes ont exprimé leur soulagement. Pour leur avocat, Me Assane Dioma Ndiaye, « le Tchad ne pouvait pas être à la fois bailleur de fond, organisateur et partie civile » dans ce procès. C’était une manière, estime-t-il, d’accréditer la thèse d’un procès inéquitable.

RFI