La plateforme de lutte contre l’accaparement des terres a organisé une conférence de presse le 18 février à N’Djaména. C’est sous le thème :‘’accaparement des terres dans les deux Logone, aspect juridique’’.

‘’En tant qu’humain, l’Etat devrait nous aider à bien vivre. Ils (gouvernants) sont à notre service. Mais, ils nous gèrent comme des esclaves’’, fulmine à l’ouverture de cette conférence de presse, le coordonnateur de la plateforme de lutte contre l’accaparement des terres, Mbaidessemel Djionadji.

Pour lui, ce n’est pas seulement les deux Logone, mais c’est tout le Sud du pays qui est en train d’être pris en otage.‘’Personne ne refuse le développement mais Il faut respecter les lois. Même s’ils veulent exproprier les parents, il faut respecter les procédures. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités pour que les parents puissent préparer sereinement leurs travaux champêtres’’, interpelle Mbaidessemel.

D’après le directeur technique de la Société de développement des produits alimentaires en Afrique (SDPA), Dr Kodjindo Ndoletar, dans la mise en place du projet de la zone économique spéciale, le complexe industriel des abattoirs serait remis à l’entreprise Arise comme sa contrepartie. Ce qui, selon lui, n’aurait pas respecté les procédures.

Quelle est la suite de l’appel d’offre international qui a été lancé et pour lequel la SDPA était la seule à soumissionner ? Arise n’a pas soumissionné. Comment se fait-il que c’est à Arise qu’on remet cet abattoir ? Nous avons écrit à toutes les autorités, mais rien. On nous a demandé de faire venir des experts et nous avons déposé un rapport avec des propositions concrètes. Si pour des raisons d’Etat, on voudrait attribuer l’abattoir à Arise, qu’on s’asseye pour discuter puisque nous avons engagé des dépenses. Il y a des lois concernant les appels d’offre, qu’on les respecte ‘’, dénonce Dr Kodjindo.

L’un des conseillers juridiques de la plateforme, Me Ignera Yanka Roger, dit qu’il a ‘’l’impression que c’est un programme qui nous a été imposé de l’extérieur ‘’. Déplorant la démarche du gouvernement, l’avocat l’appelle à appliquer les textes tels que la loi 14 portant régime des forêts, de la faune et des ressources halieutiques ; le décret 578 pour la promotion de l’éducation environnementale au Tchad ; le décret 409 fixant les conditions d’élaboration et les modalités de mise en œuvre des plans d’urgence en matière environnementale.

Son confrère, Me Mbayanbé Ndoletar, de dénoncer certaines attitudes bureaucratiques des autorités. ‘’On reste dans les bureaux, on dit qu’on va prendre tels hectares à Kaga Made. Mais, dans le droit coutumier, il y a des sites sacrés. C’est un mépris de la population’’. Au village Kaga Made et ses alentours, près de Moundou, ce sont environ 1000 hectares qui sont concernés par le projet du gouvernement. ”L’âme d’un peuple, c’est sa terre d’abord’’, affirme Me Ndoletar.