Dr Ahmat Yacoub Dabio a présenté ce mardi 22 février au Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE)  son livre intitulé “Comment concrétiser un Tchad social? Au-delà de la transition”.


L’auteur du livre Dr Ahmat Yacoub a souligné que si les sources des conflits qui minent le Tchad sont diverses, on peut énumérer quatre grandes causes : l’injustice, l’humiliation, la haine et la pauvreté. La plus grande partie des conflits au Tchad sont des conflits relationnels, d’intérêts, d’informations et quelquefois structurels. Dès l’instant, où il n’existe pas un conflit de valeurs, la solution n’est pas si difficile à trouver. C’est pourquoi, il pense qu’un des moyens de consolider la paix, après la réconciliation, demeure le renforcement des institutions judiciaires puisque tous ces conflits trouvent souvent leurs origines dans l’injustice suite à des différends injustement gérés au profit du plus fort. Cela peut conduire ceux qui se sentent lésés à prendre les armes pour exprimer leurs griefs après avoir épuisé ou non toutes les voies de recours possibles.



Dialogue inclusif ?

Pour lui, un dialogue inclusif a toute sa place mais il faut éviter que cela ne se transforme pas en une assemblée exclusive de genre classique qui ne sert qu’à la prolifération de gourous politiques incontrôlables dont le seul objectif est de se partager le gâteau. « Ce vieux concept de dialogue inclusif laisse planer le doute sur les intentions des hommes politiques capables de tout pour désorienter la trajectoire de sa seule cible populaire qui est la recherche d’une réconciliation nationale réelle à travers un processus de dialogue profond » dit-il.

Dr Ahmat Yacoub Dabio relève également qu’au lieu de dépenser de l’argent et perdre du temps dans des rencontres improductives au nom d’un dialogue bidon, il est plutôt préférable de renforcer les capacités des institutions (citées ci-haut) pour mener à bien des discussions cas par cas avec toutes les entités en conflit avec les institutions de l’État. Le renforcement de la capacité opérationnelle de ces institutions permettra de prendre contact avec toutes les parties, d’écouter avec respect et une attention particulière les doléances et les propositions pour arriver à de solutions satisfaisantes dans l’intérêt de la stabilité du pays.

Résumé du livre

Neutre, indépendante et apolitique, cette réflexion retrace, en premier lieu, de manière brève, le parcours d’un peuple meurtri par six décennies d’instabilité politico-militaire qui perdure encore, et en deuxième lieu, elle apporte une contribution aux différents débats de l’heure visant à ressortir le Tchad de ce cycle infernal de conflits qui a impacté son développement. L’avènement au pouvoir du Conseil militaire de transition, en avril, après la disparition brutale du maréchal Idriss Déby ne signifie en rien que l’on s’achemine vers une stabilité et une démocratie ; mais loin d’être naïfs, nous avons le droit d’espérer voir un nouveau Tchad où la justice recouvre le pouvoir de mettre le droit à l’endroit, où nous serons désormais tous égaux devant une loi qui doit s’appliquer à tous sans faire de différence. Nous espérons que ce pays retrouve enfin une stabilité dans la démocratie, le respect et le droit“.


Pour rappel, Dr Ahmat Yacoub est un sociologue et président du centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE). Il est aussi un ancien conseiller chargé de mission auprès du médiateur de la République du Tchad, membre de l’association des sociologues francophones et auteur de plusieurs ouvrages dont “la gestion des conflits à travers la médiation”.