Les “Zaraguina et la criminalité itinérante : 20 réponses aux enlèvements contre rançon dans le bassin du Lac Tchad”, tel est l’intitulé de ce nouvel ouvrage de Deli Nestor, publié aux Éditions Salon des Belles Lettres.

Ce livre fait l’état des lieux des enlèvements contre rançon aux frontières du Tchad, de la Centrafrique et du Cameroun où ces exactions contre les personnes perpétrées par des coupeurs de route, terroristes et autres criminels sont courantes. Ces derniers se déplaçant sans laissez-passer entre les trois pays font de nombreuses victimes dans les régions du Mayo-Kebbi, du Logone et du Mandoul. Il est difficile d’avoir des statistiques précises car les victimes ont peur d’alerter les autorités. C’est pourquoi, l’auteur se donne pour mission de relater en chronique ces enlèvements dans “le triangle de la mort” comme il le nomme. Cela s’étale entre 2003 et 2020.

Rien qu’en 2019, il y a eu plus de 20 cas avec 50 millions de francs versés comme rançon. Les ravisseurs ont exécuté 4 personnes car leurs proches n’avaient pas d’argent.

En 2020, surtout au premier trimestre, le phénomène a pris de l’ampleur car les rapts se sont multipliés.

Les facteurs et causes sont, selon l’auteur, la pauvreté, le chômage, la sous scolarisation, les conflits intercommunautaires dans le Lac Tchad, pour les terres agricoles, les zones halieutiques et pastorales. Idem au sud sur les frontières camerounaises et centrafricaines. Cette problématique des enlèvements est accentuée, aussi par la démobilisation des soldats tchadiens en RCA et ceux deflatés au Tchad. Mais aussi par la porosité des frontières, la circulation des armes, etc. Tout cela est renforcé par l’absence de l’autorité de l’État.

Les conséquences sont perceptibles, notamment, la crise de citoyenneté caractérisée par la désintégration des populations victimes qui ne se considèrent plus comme citoyens au même titre que leurs compatriotes des autres régions. Il y a également une rupture de confiance entre les administrateurs et les administrés. L’une des conséquences majeures est la déperdition du cheptel, la baisse de productivité agricole et la limitation de déplacements des personnes et des biens.

C’est pour dénoncer et empêcher cette pratique que Deli Sainzoumi Nestor, a écrit ce livre. A travers cet opuscule, il appelle “les États concernés à des politiques d’éducation et d’inclusion sociale“. Il recommande le renfoncement des cadres juridiques contre ces enlèvements qui constituent de la “traite des personnes et de l’extrémisme violent”.

Le livre apporte 20 réponses destinées aux Etats sur la prévention des enlèvements, leur répression et aider les populations en leur redonnant confiance.

Cet ouvrage, selon l’auteur, est un plaidoyer pour la lutte contre la criminalité transfrontalière.

Notons que Deli Sainzoumi Nestor, qui n’est pas à son premier livre, a été prix littéraire de la nouvelle, prix Oxfam, journaliste à N’Djaména Bihebdo, à la Voix, à la radio Terre nouvelle et fondateur du journal Éclairages 3e oeil.

BACTAR FRANK I