Okalah Hervé est le directeur général du Cabinet d’études, de formations et de réalisation de projets et programmes (CEFOREP). Ce dimanche, votre rubrique « A la découverte de… » va à sa rencontre.
Depuis un peu plus de deux ans, le CEFOREP tente de se frayer son chemin dans le milieu de l’entrepreneuriat au Tchad. Il est l’œuvre d’un jeune tchadien, Okalah Hervé, qui dit avoir eu le goût de l’entrepreneuriat très tôt.
Le natif de Sarh dans le Moyen-Chari, après les cours primaires dans sa ville natale, débarque à N’Djamena où il fera tout le secondaire au lycée-collège Félix Eboué. Il s’est lancé tôt dans la vie associative. Les activités initiées dans les mouvements et associations auxquels il a adhéré ont éveillé en lui le goût de leadership et d’entrepreneuriat. Ainsi, en dehors des formations en entrepreneuriat auxquelles il participait, le fils de Natoltiga Okalah, ancien directeur technique national du football tchadien, s’est également lancé dans le petit commerce. Parce que, souligne-t-il, à un certain moment demander de l’argent pouvait « déranger » les parents mais aussi faire « pitié ».
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Après le baccalauréat qu’il est allé composer avec succès en 2013 à Sarh, ce dernier d’une fratrie de trois garçons revient dans la capitale et intègre l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS). A l’INJS, Okalah explique qu’il a été encadré par des enseignants qui ont renforcé en lui le goût de l’entrepreneuriat. Il décrochera une licence en conseiller de jeunesse et d’animation, option entrepreneuriat.
Licence en poche, il met le cap sur Douala au Cameroun et s’inscrit en Master à l’Institut panafricain pour le développement-Afrique centrale (IPD-AC). En 2018, il en sort nanti d’un Master professionnel en Management de projets. Il explique qu’en première année de Master, ils faisaient des cours et discutaient des ODD (Objectifs de développement durable) avec des professionnels, ce qui renforçait davantage sa vocation. En deuxième année, il a commencé à rédiger les textes de base de son cabinet.
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Mais à son retour à N’Djamena, le trentenaire ne crée pas directement le cabinet. Il a d’abord travaillé dans d’autres cabinets et a offert ses services à quelques entreprises et organisations non gouvernementales pour se familiariser avec le milieu et acquérir des expériences.
C’est finalement en décembre 2019 qu’il met en place le CEFOREP. Un cabinet que ce jeune, toujours tiré à quatre épingles, dirige, avec à ses côtés quatre collaborateurs jeunes comme lui « parce qu’on est en train de promouvoir les compétences des jeunes. Et on aimerait également prouver que nous sommes capables de pouvoir faire quelque chose, si bien que nous sommes jeunes ». Les services qu’ils offrent, aussi bien aux professionnels qu’aux étudiants et chercheurs d’emploi, sont notamment les études, la conception et la réalisation des projets et programmes mais également des formations en planification des projets, gestion des projets et gouvernance des projets.
En termes d’impact, Hervé explique que selon les retours de ceux qui se sont formés chez eux, il est nettement positif car les formations apportent « une valeur ajoutée » ou permettent aux chercheurs d’emploi de trouver du travail. Aujourd’hui, il assure que les activités du CEFOREP touchent, outre le Tchad, le Burkina, le Sénégal, le Cameroun, les Comores, la Côte d’Ivoire, le Mali à travers les formations en ligne.
Okalah Hervé se félicite, d’après les témoignages de ses clients, qu’en peu de temps, ils ont dépassé certains cabinets qui ont existé avant eux. Celui qui est instance de thèse, indique qu’au vu des sollicitations de ceux qu’ils forment, il a en projet la création d’un centre international de formation professionnelle en management des projets en cycle Licence-Master.
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Toutefois, le chemin est parsemé d’embuches. Les principales difficultés, d’après le spécialiste en management des projets sont le comportement des Tchadiens qui dédaignent les compétences locales, les impôts et taxes qui les plombent et surtout le manque d’accompagnement de l’Etat. « Il faut que l’Etat encourage. Si je ne suis pas un jeune qui aime son pays, à l’heure où nous parlons, je suis déjà dans trois pays différents (Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire », parce que des gens de ces pays lui ont demandé d’aller travailler avec eux ou d’y installer son cabinet. « Mais tant qu’on aime son pays, tant qu’on a foi en ce que nous faisons, nous n’allons pas baisser les bras. Parce que nous espérons et nous croyons que nous allons réussir un jour…Peu importe la durée, le temps que ça prendra, nos souffrances, il y aura un de ces jours où nous allons survoler », s’encourage ce célibataire qui affirme se focaliser à 90% sur ses objectifs et donc qu’il n’a pas encore de temps à consacrer à une femme.
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