L’Union africaine (UA), a été créée en 2002 en remplacement de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui avait été créée en 1963. Aujourd’hui, l’organisation fête ses 60 ans d’existence dans un contexte d’insécurité galopante sur le continent et de faible ressources pour faire face aux défis auxquels elle est confrontée. Que peut-on réellement retenir des 60 ans de cette organisation dont la voix est de plus en plus discordante des autres organisations régionales ? L’analyste politique, Dr Yamingué Bétinbaye, directeur de recherche au Centre de recherche en anthropologie et sciences humaines (CRASH), fait le point.
Depuis sa création en 1963, l’UA s’est engagée dans de nombreux domaines, notamment la promotion de la paix, de la sécurité, de la gouvernance démocratique et des droits de l’homme en Afrique. C’est pour cela qu’elle a travaillé à la promotion du développement économique et social du continent, ainsi qu’à la résolution des conflits et des crises en Afrique. Malheureusement, selon l’analyste politique, Dr Yamingué Bétinbaye, aujourd’hui, l’objectif de la création de l’Union africaine n’a pas été atteint et que l’institution peine à avoir ses propres ressources pour faire face aux nombreux défis auxquels elle est confrontés aujourd’hui.
“Autres nombreux défis, en dehors de la situation sécuritaire délétère dans le continent, tels que la pauvreté, les inégalités économiques et sociales, la corruption, l’insécurité alimentaire et les maladies ont cloué l’institution qui ne vit que d’aide des autres organisations à l’image des appuis conséquents de l’Union européenne”, estime Dr Yamingué Bétinbaye. Et de poursuivre que la voix de l’Union africaine n’est plus entendue à cause des deux poids deux mesures en ce qui concerne les coups d’État sur le continent.
“La recrudescence des coups d’État en Afrique ces dernières années a mis en évidence les limites de l’UA en matière de prévention et de résolution des conflits. En effet, des coups d’État ont été perpétrés sur le continent mais cette dernière n’arrive pas à appliquer ses textes dans certains cas, ce qui a complètement fait d’elle une institution dont la voix n’est plus entendue. De l’Organisation de l’unité africaine (l’OUA) à l’Union africaine (UA), le bilan reste mitigé”, fait savoir l’analyste politique.
De son analyse, l’on retient que si l’Union africaine (UA) veut être efficace pour relever les défis, elle doit obligatoirement renforcer sa gouvernance démocratique en encourageant la transparence, la reddition de comptes et la participation citoyenne car estime Dr Yamingué Bétinbaye, cela peut aider à renforcer sa légitimité et à accroître sa capacité à répondre aux besoins et aux aspirations des Africains.
“L’UA doit renforcer la coopération régionale et continentale pour résoudre les problèmes communs, tels que les conflits, la pauvreté, les inégalités et les maladies. L’UA peut également promouvoir la coopération continentale dans des domaines tels que le commerce, l’investissement, la recherche et l’innovation. Elle doit aussi renforcer sa capacité à mobiliser des ressources financières, techniques et humaines pour mettre en œuvre ses programmes et ses initiatives”, analyse Dr Yamingué Bétinbaye, analyste politique.
En somme, pour être plus efficace, estime-t-il, l’UA doit renforcer sa capacité à promouvoir la gouvernance démocratique, la coopération régionale et continentale, la prévention et la résolution des conflits, ainsi que la mobilisation des ressources. “Cela peut aider l’UA à être plus efficace et à mieux répondre aux besoins et aux aspirations des Africains, à l’image d’autres organisations régionales telles que l’Union européenne”, conclut l’analyste.