Alors que des solutions technologiques « Made in Africa » révolutionnent d’ores et déjà plusieurs secteurs, les jeunes Africains pensent que le continent est capable de produire des innovateurs de classe mondiale.

La majorité des jeunes Africains préfèrent utiliser les innovations technologiques locales et pensent que leurs pays sont capables de produire des solutions qui peuvent influencer le monde à l’image des grosses pointures de la tech comme Mark Zuckerberg, Bill Gates et Jeff Bezos, selon un rapport publié le 16 novembre par l’ONG Africa No Filter et qu’a consulté l’agence Ecofin.

Intitulé « Africa – innovator or imitator ? Exploring narratives around Africa’s technological capabilities », ce rapport se base sur une enquête menée auprès de 4500 personnes âgées de 18 à 35 ans dans neuf pays africains (Egypte, Maroc, Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria, Kenya, Ouganda, Afrique du Sud, Zimbabwe).

62% de ces jeunes issus du milieu urbain et rural, et dont la plupart ont un niveau d’instruction supérieur ou secondaire, ont déclaré qu’ils font confiance aux innovations locales et préfèrent les utiliser quand elles sont disponibles.

Mieux, 24% des sondés ont précisé qu’ils travaillaient, au moment de la réalisation de l’enquête, sur une innovation qui pourrait améliorer la vie des gens dans leur communauté.

Alors que l’image de l’Afrique en tant que terre d’innovation semble être éclipsée par les stéréotypes d’un continent sous-développé et largement bénéficiaire des innovations du Nord, le rapport révèle que 79% des sondés pensent que les pays pauvres sont capables de produire des solutions technologiques innovantes qui peuvent influencer le monde.

Les jeunes interrogés dans la région de l’Afrique de l’Ouest étaient plus positifs quant à la possibilité de produire de telles innovations dans les pays pauvres (83%), suivis par ceux originaires de pays d’Afrique australe (73%).

Dans cette même optique, 72 % des jeunes sondés jugent qu’il est possible que le prochain innovateur « de classe mondiale » soit africain et que leur propre pays est capable de produire des milliardaires du secteur de la technologie.  48% des sondés se montrent plus optimistes et s’attendent à ce que le prochain « Bill Gates, Mark Zuckerberg ou encore Jeff Bezos » soit originaire d’un pays africain.

Déficit d’infrastructures

Plus de la moitié (59%) des jeunes Africains jugent par ailleurs l’environnement favorable à l’innovation dans leurs pays. Ce taux grimpe à 67% au Kenya et à 65% en Afrique du Sud, mais se limite à 39% au Nigeria et à 40% au Ghana. 

Le gouvernement n’est pas cependant considéré comme le plus important moteur de l’innovation technologique. 50% des sondés ont indiqué que « tout le monde » devrait être le moteur de l’innovation par nécessité et par curiosité, tandis que 37% seulement ont identifié le gouvernement comme étant le principal responsable de l’innovation.

En ce qui concerne les principaux obstacles à l’innovation, les jeunes Africains citent notamment le déficit d’infrastructures (53%), les restrictions gouvernementales (44%) et le manque d’incitations (36%).

Bien qu’ils déclarent faire confiance aux innovations locales et préfèrent les utiliser lorsqu’elles sont disponibles, 9% seulement des jeunes Africains sondés affirment avoir déjà investi dans des entreprises technologiques, mais 18% se disent prêts à investir dans des jeunes pousses à l’avenir.

Organisation à but non-lucratif qui œuvre à modifier les stéréotypes et les récits nuisibles à propos de l’Afrique dans les médias, Africa No Filter souligne par ailleurs que les innovations technologiques ont d’ores et déjà révolutionné plusieurs secteurs en Afrique comme les services financiers, les soins de santé et le commerce, rappelant que le continent a accaparé 70 % de la valeur totale des transactions d’argent mobile dans le monde en 2021.

Entre janvier et juin 2022, les fonds de capital-risque ont injecté un montant record de 3,5 milliards de dollars dans les start-up du continent alors que 16 des 25 pays africains couverts par l’indice mondial de l’innovation de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ont amélioré leur classement cette année.