Le Sahel est en passe de devenir l’épicentre de l’activisme djihadiste violent en Afrique. Les décès liés aux atrocités impliquant des groupes terroristes actifs dans la région représentent plus de la moitié de l’ensemble des décès signalés sur le continent en 2021. 

La région du Sahel a enregistré 2612 événements violents impliquant des groupes djihadistes en 2021, devenant ainsi pour la première fois, le premier théâtre de l’activisme violent de ces mouvements terroristes devant la Somalie, selon une étude publiée le lundi 15 août par le Centre d’études stratégiques pour l’Afrique (CESA), un organisme rattaché au département de la Défense des Etats-Unis.

Ces événements violents (attaques à la bombe, engins explosifs, véhicules piégés, fusillades, batailles, etc.) ont engendré 7 052 décès dans la région durant l’année écoulée. Ce qui représente près de la moitié de tous les décès de ce type signalés sur l’ensemble du continent africain (14 635 décès), a-t-on précisé de même source.

L’étude a également révélé que la majorité des attaques terroristes perpétrées au Sahel en 2021 ont été menées par l’unité combattante djihadiste Front de libération du Macina (FLM/ Katiba Macina) qui fait partie de la coalition du groupe islamiste Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM/ Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans).

De son côté, la Somalie a enregistré près de 2221 événements violents impliquant des groupes djihadistes en 2021, en hausse de 11% par rapport à l’année précédente. Ces événements qui sont essentiellement des batailles impliquant les forces de sécurité de l’Etat ont été majoritairement attribués au groupe islamiste Al Shebab.

L’étude du CESA souligne par ailleurs que les événements violents impliquant le groupe islamiste Ahlu Sunnah wa Jama’a (ASWJ) connu localement sous le nom d’al Shebaab au Mozambique se sont modérés, après avoir connu un pic entre 2018 et 2020. Environ 400 épisodes de violence ont été recensés au Mozambique, durant l’année écoulée.

Pour la première fois depuis son apparition sur la scène en 2017, le nombre de décès déclarés liés au groupe mozambicain ASWJ a diminué au cours de l’année dernière (– de 28 %) pour atteindre 1018. Ceci est remarquable dans la mesure où l’un des traits distinctifs de ce groupe islamiste a été son recours disproportionné à la violence contre les civils. Cette baisse des décès coïncide avec l’arrivée des forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et du Rwanda dans le pays.

Baisse dans le bassin du Lac Tchad et en Afrique du Nord

A l’échelle continentale, l’étude indique que les événements violents liés à des « groupes islamistes militants » ont doublé depuis 2019, tout en soulignant une grande variabilité entre les sous-régions. La violence islamiste dans le bassin du lac Tchad et en Afrique du Nord a en effet diminué de 33 % et 23 % respectivement l’an passé.

Dans le bassin du lac Tchad, la violence liée au groupe Boko Haram qui avait atteint son dernier pic en 2020 a connu une nouvelle baisse de 25 % des événements violents qui lui sont attribués en 2021.

De même, les activités violentes attribuées à l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) ont connu une baisse de 38 % de ses activités violentes l’année dernière, soit 474 événements. Cela inverse une forte trajectoire à la hausse des activités violentes de l’EIAO, depuis 2017.

Notons que l’activisme violent des groupes islamistes et les décès qui y sont liés en Afrique du Nord ont chuté de 23 % au cours de l’année dernière, poursuivant une tendance baissière depuis 2015. La quasi-totalité des 222 événements violents et les 313 décès signalés en Afrique du Nord au cours de l’année écoulée se sont produits en Egypte, et sont liés à l’État islamique dans la province du Sinaï. 

Avec l’Agence Ecofin