Insécurité oblige, la ville de N’Djamena a été hier nuit quadrillée par les forces de l’ordre. Toutes les entrées de la ville, les ronds-points et les grands carrefours sont pris d’assauts par les hommes en tenue. Se sont gendarmes, policiers, gardes nomades et éléments de la DGSSIE qui passent au peigne fin les voitures. Les récalcitrants et autres caïds qui jouent aux intouchables, font moins les malins. On a assisté hier soir à une scène où un automobiliste à bord d’un gros cylindré aux vitres teintées s’est fait descendre avec vigueur de sa voiture avant de faire connaissance avec la crosse d’une arme. Sa voiture a été fouillée de fond en comble et les pellicules noires des vitres déchirées. Le tout devant les badauds qui pour certains n’ont pas boudé le plaisir de voir les militaires calmer cet « intouchable ».

Les militaires sont à crans, la semaine dernière a été excessivement violente de mémoire de N’Djamenois « ça fait longtemps que nous n’avons assisté à une série de morts violentes » nous dit Abouna la soixantaine passé habitant le quartier Fracha Milezi. « À croire que c’est la crise économique avec le manque d’argent qui pousse les gens à la barbarie » s’interroge-t-il. Ces questions ont toute leur place, il n’y a pas un jour où la Police n’enregistre un cas de violence, souvent extrême : tel a été frappé à la tête avec une hache pour sa moto, telle famille a reçu la visite tard dans la nuit des brigands, tel autre a été poignardé pour un téléphone, tel boutiquier a été attaqué la nuit, la liste est longue.

Cette série de violence a poussé le Premier ministre à sortir de son silence, il a convoqué hier matin tous le corps constituant l’appareil sécuritaire de ce pays. Devant cette assemblée il a tenu un discours de remontrance, voici quelques morceaux choisis : « La succession d’actes criminels ces derniers jours à N’Djaména ne doit laisser personne indifférent. Car sans sécurité, il n’y a pas de projet de développement viable ». « Sans un engagement collectif responsable et pleinement assumé dans la discipline par toutes les forces de défense et de sécurité, les défis que constituent ces phénomènes ne pourront être relevés. » « Au-delà du maillage sécuritaire du territoire, les responsables des forces de défense et de sécurité que vous êtes, devez combattre au sein de vos différentes formations et unités, le laxisme dans la l’application des sanctions ».

Le coup de gueule du Premier ministre n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, aussi tôt dit, aussi tôt fait. La ville est redevenue ce qu’elle était à la suite des attentats de Boko Haram, sous haute sécurité. Des patrouilles surveillent les rues et les ronds-points de la Capitale, même si cela peut agacer des fois au vu de la recrudescence des actes de violence et en attendant qu’on trouve mieux c’est le meilleur choix. Les citoyens que nous sommes sauront nous accommodés, la sécurité n’a pas de prix.