Le Tchad réfute toute collision de ses militaires à Bangui avec les ex-Séléka. Lors de la session spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la République centrafricaine (RCA, ce lundi 20 janvier à Genève, le Représentant de Ndjamena a « défié quiconque capable de fournir la preuve de ces allégations ». Selon l’Ambassadeur Malloum Bamanga Abbas , «Certains milieux mal intentionnés ont assimilé à tort les militaires tchadiens en mission de paix au sein de la MISCA aux ex-Séléka ». « Cela ne vise qu’à ternir l’image de l’Armée nationale tchadienne, ce qui est inacceptable pour le Tchad », a-t-il fait remarquer.

Le Représentant du Tchad rappelle que son pays a perdu 15 soldats depuis le début des hostilités. « Nous disons aux commanditaires de ce montage grossier, dénué de tout fondement, que notre pays ne reculera pas face à ses engagements pris devant la communauté internationale ». Le Gouvernement tchadien ne saurait assister impuissant à la recrudescence de la violence, de la haine caractérisée par la folie meurtrière et des actes de vandalisme dirigés contre ses citoyens en Centrafrique, a en outre fait observer Malloum Bamanga Abbas, avant de saluer la création de la commission d’enquête et la nomination de l’Expert indépendant.

Le Tchad a fait observer que l’on a « assisté à la dégradation subite de la situation sécuritaire et des droits de l’homme en Centrafrique ». Le Tchad s’est préoccupé de la situation sécuritaire en Centrafrique et n’a ménagé aucun effort depuis 1994 pour appuyer techniquement, matériellement et financièrement ce pays frère et voisin à rétablir la paix et la stabilité dans les limites de ses frontières, a poursuivi le représentant tchadien. En plus, a-t-il rappelé, depuis plus de dix ans, le Tchad accueille sur son sol plus de 100 000 réfugiés centrafricains qui y vivent en toute quiétude.

Il faut souligner que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a publié mardi 14 janvier les conclusions préliminaires formulées par une équipe de quatre personnes déployée en République centrafricaine du 12 au 24 décembre. Celles-ci ont mis en lumière un cycle de violations généralisées des droits de l’homme et de représailles, parmi lesquelles des exécutions extrajudiciaires, des violences sexuelles, des mutilations, des disparitions forcées, des mauvais traitements, des viols et des attaques délibérées contre des civils en raison de leur religion. L’équipe du Haut-Commissariat a ainsi rapporté avoir reçu de nombreux témoignages identifiant certains ex-Séléka auteurs de violences comme étant des Tchadiens. Des témoins ont, de manière systématique, rapporté que des ex-Séléka portant des brassards de membres Tchadiens des forces de maintien de la paix FOMAC, sont allés de maison en maison à la recherche d’anti-Balaka et ont tués des civils par balles. L’équipe a aussi recueilli des témoignages crédibles de collusions entre des éléments tchadiens de la FOMAC et des forces ex-Séléka.

(Extrait sonore : Malloum Bamanga Abbas, Ambassadeur et Représentant permanent du Tchad auprès de l’Office des Nations Unies à Genève)