Le Tchad est le premier pays en Afrique Centrale à avoir apposé des avertissements santé chocs sur les paquets de cigarettes, mais il est aussi maintenant la grande victime de la contrebande de cigarettes.

La volonté du gouvernement tchadien a été exaucée, le Tchad est le premier pays d’Afrique Sub-Saharienne à avoir apposé des avertissements santé chocs composés d’une photo et d’un texte sur les 70% des deux faces principales des paquets autorisés à la vente au Tchad.

Cette obligation résulte de l’arrêté n°39 du 10 février 2015 pris en application de la loi n°10 portant « lutte antitabac » de 2010. Neuf mois après la signature de l’arrêté précité, les fabricants et les importateurs commercialisant des cigarettes sur le marché tchadien se devaient de respecter la loi et d’apposer les nouveaux avertissements sur les paquets.

La Manufacture de Cigarettes du Tchad (MCT), filiale du Groupe Imperial Tobacco, qui est le seul fabricant de cigarettes au Tchad est aujourd’hui la seule à respecter cette nouvelle réglementation, mais se retrouve cependant victime de l’arrivée massive de produits de contrebande qui perturbent gravement le marché.

Les fumeurs tchadiens n’ayant été que très peu avertis de l’arrivée de ces marquages, ont été choqués et ont préférés se tourner vers des paquets sans photo qui sont des paquets interdits au Tchad.

La porosité des frontières combinée aux difficultés des autorités de stopper cette contrebande a conduit la manufacture locale à une perte de plus de 40% de ses volumes mensuels en quelques mois.

Aujourd’hui, le marché tchadien est gangréné de produits illicites, qui ne comportent aucun avertissement santé et dont la provenance est plus que douteuse. Certaines marques arrivent tout droit du sud de la Libye et d’autres arrivent facilement du nord-Nigéria, zone sous le contrôle de Boko Haram.

Parmi les « champions » de ce trafic illicite lucratif on note le plein essor de marques comme Excel, Dunhill et Rothmans, du Groupe British American Tobacco que l’on trouve en très grandes quantités sur le marché. Les cigarettes de la contrebande sont facilement identifiables par leur marquage d’origine de fabrication Nigeriane notamment et par l’absence des photos-choc exigées par la réglementation au Tchad.

C’est par la frontière avec le Cameroun que transitent notamment les marques Excel, Dunhill et Rothmans en provenance de Nigeria où BAT a une usine à Ibadan. D’ailleurs un si grand afflux de cigarettes de contrebande du Nigeria soulève également la question si ces flux ne sont pas organisés directement du Nigeria. Renforcer les contrôles et les procédures de localisation de ces cigarettes permettra d’aider davantage les services répressifs du Tchad dans leur lutte contre la fraude et permettra aux instances répressives d’établir les sources des marques importées illégalement au Tchad.

Les régions limitrophes à la frontière avec le Cameroun sont particulièrement touchées par le trafic illicite de cigarettes : Mayo-Kebbi Est, Tandjilé, Logone occidental et le Logone Oriental ainsi que les régions limitrophes à la frontière avec la Libye : Borkou et l’Ennedi Est.

Les villes les plus touchées par la contrebande de cigarettes sont : N’Djaména, Moundou, Doba, Faya, Maro, Bol, Bongor, Kélo, Laï, Pala, Léré et Fianga.

Les Tchadiens seraient-ils donc en train de grassement nourrir leurs ennemis ? Ce serait dommage d’aider les terroristes que le Président Idriss Déby Itno essaye de combattre en exportant ses soldats depuis 2 ans…