APA Ndjamena (Tchad) L’activisme du Tchad dans le dossier centrafricain fait l’objet d’interrogations de la part de bon nombre de personnes qui s’intéressent à la crise en Centrafrique.

Il est vrai que le général Idriss Déby Itno assure depuis deux ans la Présidence de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) et cela peut peser dans les décisions puisque la CEEAC, comme la plupart des communautés régionales africaines, met la stabilité de la région au centre de sa politique.

Il est aussi important de souligner que le judoka et démographe tchadien Nassour Ouaïdou, ancien Premier ministre d’Idriss Déby Itno et ancien Président de l’Assemblée nationale du Tchad, est aujourd’hui Secrétaire Général de la CEEAC dont le siège est à Libreville au Gabon.

Et le courant ne peut que bien passer entre les deux personnalités.

Il est aussi important de relever que le Tchad, qui est entré dans le club des pays pétroliers depuis douze ans, veut de plus en plus peser sur la scène sous-régionale notamment à la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) où il dicte de plus en plus ses désidérata aux autres pays membres que sont le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Congo Brazza, et notamment la RCA.

Mais si N’Djamena est impliqué ainsi dans la crise centrafricaine, c’est surtout pour protéger son pétrole.

Les bassins pétroliers de Doba, de Dosséo, de Mandouli d’où est extrait le pétrole tchadien sont voisins à la RCA et toute instabilité dans la région menacerait dangereusement les intérêts du Président Idriss Déby Itno.

N’Djamena aussi est intéressé par tout ce qui se passe en RCA puisque sur l’ensemble de ce pays, le commerce est presqu’entièrement entre les mains des Tchadiens, notamment le commerce de détail.

Si N’Djamena s’est empressé d’envoyer des éléments en RCA, c’est surtout pour prévenir que ces Tchadiens, aguerris, ne puissent se servir de la RCA comme base arrière pour déstabiliser le régime d’Idriss Déby Itno.

Soulignons que la Séléka, même si elle a de contacts avec les officiels tchadiens, garde dent à Idriss Déby Itno qui a fait arrêter et livrer à Bozizé le colonel Charles Massi, ancien rebelle centrafricain qui opérait sur les frontières de ces deux pays.

Depuis lors, le Colonel Massi n’a jamais réapparu et selon plusieurs sources, il serait mort sous la torture au début de l’année 2010.

Aujourd’hui son fils Eric Massi est un des hommes forts de la Séléka et il ne cache pas sa ferme volonté de connaître la vérité sur la disparition de son père. Ce qui importune N’Djamena et inquiète Bangui.

N’Djamena a envoyé son armée en RCA donc par prévention surtout que pendant cinq ans au moins, une bonne partie du Nord de la RCA était sous la coupe du Général Baba Laddé, jeune rebelle tchadien de 40ans, gendarme de formation.

Plusieurs raids conjoints de l’armée tchadienne et de l’armée centrafricaine n’ont pas réussi à faire déloger le chef rebelle tchadien. Il a fallu la persuasion de Mgr Pomodimo, médiateur centrafricain, pour faire ramener au bercail, en milieu de l’année 2012, le chef rebelle tchadien.

D’abord il faut relever que le règne de Patassé, qui lui-même serait d’origine tchadienne selon plusieurs sources (ses parents, des Sara, du groupe Kaba, auraient émigré en RCA pendant la période coloniale).

Ange Félix Patassé et Idriss Déby Itno entretenaient de bonnes relations avant de se brouiller. Idriss Déby Itno accueillit alors sur son territoire un certain Bozizé qui conquit Bangui en 2003 avec l’aide de nombreux Tchadiens, les fameux Libérateurs, dans le jargon centrafricain.

Il faut signaler que l’ancien chef d’Etat major de l’armée tchadienne, le général Daoud Soumaïne, tué lors du raid des rebelles tchadiens sur la capitale N’Djamena en février 2008, est un ami personnel de François Bozizé).

Les fameux Libérateurs se brouillèrent eux aussi très vite avec Bozizé et alimentèrent de nombreuses rebellions contre le régime de Bozizé.

Et jusqu’à une date récente, ce sont les Tchadiens qui assurent la sécurité du Palais Présidentiel centrafricain. Comme par enchantement, le retrait de ces Tchadiens il y a deux mois, a sonné aussi le début de la conquête du pays par la Séléka.

Par Miskine Sakit