Au Tchad, les sept personnalités, civiles et militaires, inculpées suite à la tentative présumée de déstabilisation dénoncée par le gouvernement, sont retenues aux Renseignements généraux. Elles attendent leurs auditions et leur confrontation à celui qui est présenté comme le cerveau de ce complot, Moussa Tao Mahamat. De source judiciaire, la suite des auditions et ces confrontations pourraient avoir lieu la semaine prochaine.

L’accusation se base d’abord sur les documents qui auraient été saisis chez Moussa Tao Mahamat le 1er mai. Le premier est un communiqué dactylographié avec, en en-tête, « Sursaut national pour le changement », le nom du groupuscule du cerveau présumé du complot. Le texte est daté du 20 décembre 2012 et signé de l’ancien rebelle.

Ce communiqué appelait les forces vives et toutes les composantes de la société tchadienne à « se lever d’un seul homme pour dire non » et demander le départ d’Idriss Déby le 21 décembre 2012, date anniversaire de sa prise de pouvoir. Le texte est-il resté dans les tiroirs ? Vraisemblablement. En tout cas, aucun incident n’a été signalé ce jour-là. Il y a un autre communiqué, manuscrit cette fois, qui renouvelle l’appel au soulèvement pour le 20 avril 2013. Là encore, aucun incident n’est signalé ce jour-là.

Il y a également une liste manuscrite sur laquelle figure une vingtaine de noms. Parmi eux, Saleh Makki, Mahamat Malloum Kadre, les généraux Gomine et Weiding et le colonel Ahidjo, ce qui explique sans doute qu’ils fassent partie de la première vague d’arrestation.

Moussa Tao Mahamat aurait ensuite, lors de l’enquête préliminaire, donné les noms et les fonctions de ceux qui feraient partie du fameux gouvernement fantôme. Enfin, l’accusation dit avoir arrêté des membres du MPRD, le mouvement de feu le colonel Djibrine Dassert et saisi des documents qui établirait le lien entre cette rébellion et les conspirateurs. Un lien que le président du MPRD dément.

Les droits de la défense enfreints ?

De source judiciaire, la suite des auditions et les confrontations pourraient avoir lieu la semaine prochaine. Mais en attendant, le collectif d’avocats qui défend ces sept personnalités se plaint de ne pas avoir accès à leurs clients. « Depuis leur inculpation, ils sont aux renseignements généraux. Ils y sont complètement isolés. On n’a pas accès à eux, la famille et les médecins non plus », déclare Delphine Kemneoum Djiraïbé, avocate des accusés. « Nous n’avons même pas les PV d’enquête préliminaire. Nous devons nous battre pour assurer la défense de nos clients. Ce n’est pas normal, c’est une violation grave des droits de la défense », dénonce encore Delphine Kemneoum Djiraïbé, avocate des accusés.

Des accusations infondées, d’après Jean-Bernard Padaré. Le nouveau ministre de la Justice assure que les droits de la défense ont été respectés. « Depuis l’enquête préliminaire, les avocats ont eu accès à leurs clients. Ils ont pu assister leurs clients au moment où ils comparaissaient devant le procureur de la République. Quand le procureur a transmis le dossier au juge d’instruction, là aussi, ils ont pu assister à la première comparution », soutient ainsi Jean-Bernard Padaré.

Quant à la détention des accusés aux Renseignements généraux, elle n’obéirait, selon le ministre de la Justice, qu’à des raisons humanitaires, les cellules de la maison d’arrêt de Ndjamena n’étant pas adaptées à des personnalités. « Il faut qu’ils soient détenus là où, s’ils n’ont pas la climatisation, ils aient au moins la ventilation. Il faut qu’ils puissent être à l’aise là où ils sont détenus. Ce sont des gens qui sont d’un certain âge et moi je tiens à leur santé et à leur vie », assure Jean-Bernard Padaré.

RFI