Les taxes de 10 F CFA payées par les abonnés des opérateurs téléphoniques comme redevances audiovisuelles font l’objet d’une gestion très opaque. L’initiateur de ce projet, M. Ismaël Ben Chérif, se dit sceptique quant à la gestion de ce fonds.

C’est par une proposition de loi adoptée par l’Assemblée Nationale et promulguée par un décret du Président de la République que les abonnés des opérateurs de téléphonie mobile sont astreints de payer une taxe quotidienne de 10 F CFA pour soutenir les médias. Mais malheureusement, les ayants droits se posent toujours la question de savoir la destination finale de ce fonds qui, en principe leur est destiné. Pour Ismaël Ben Chérif, lorsqu’il avait initié ce projet, l’objectif premier était de prévoir 300 millions pour le fonds d’aide à la création artistique, 200 millions pour le fonds d’aide à la presse, 200 millions pour la formation professionnelle dans le métier de la communication (journalistes, techniciens, etc.) et 200 millions pour les droits d’auteur. Approximativement 1 milliard et le reste devait revenir aux médias publics (télé et radio). Mais force est de constater que dans le projet de loi final adopté, les volets formation professionnelle et droits d’auteurs ont été balayés. Selon Ismaël Ben Chérif, si une opacité entoure la gestion des redevances audiovisuelles, c’est tout simplement parce que cet argent est directement versé au trésor public. Après la promulgation de la loi sur les redevances audiovisuelles, qu’il avait proposé au conseiller à la communication du premier ministre à l’époque, M. Ourmadji Moussa Doumngor, la mise sur pied d’un comité de gestion de ce fonds comme l’ont fait la plupart des pays Africains. Ce comité sera chargé de la collecte et de la répartition transparente des redevances aux destinataires. Les redevances devaient être versées sur le compte du comité de gestion et non au trésor. Malheureusement, ce sont des individus qui s’accaparent de ces fonds sans en connaître les tenants et les aboutissants. Quant aux 200 millions d’aide à la presse, il avoue ignorer la direction qu’ils prennent. «Comme je ne suis plus aux affaires, je ne sais pas ce qui se passe» , déclare-t-il amèrement. «Tant qu’on ne met pas sur pied un comité de gestion et tant qu’on ne verse pas directement ce fonds sur le compte dudit comité, je crois que c’est de l’argent perdu» , estime-t-il sur un ton très sceptique.

Migari Kada

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