(Agence Ecofin) – La République du Niger pourrait abandonner son projet de construction d’un pipeline, qui ralliera l’oléoduc Tchad-Cameroun, afin d’évacuer le brut produit dans ce pays vers le port en eau profonde de Kribi, révèle La lettre du continent. A l’origine des hésitations de l’Etat du Niger, apprend-on, «l’insécurité grandissante à ses frontières et la menace permanente que fait désormais peser la secte fondamentaliste Boko Haram dans la région du Lac Tchad».

Les autorités nigériennes étudieraient actuellement une nouvelle option, à savoir la construction d’un oléoduc plutôt en direction du Bénin, «un pays jugé moins exposé». Cette nouvelle option, apprend-on, présente l’avantage de s’intégrer «dans le vaste projet de boucle ferroviaire ouest-africaine», mais s’avère plus onéreuse. En effet, en cas d’abandon de l’option Tchado-camerounaise, le budget du nouveau tracé passerait alors du simple au double, puisqu’en plus du pipeline à construire en territoire nigérien, il va falloir construire en intégralité un autre oléoduc du côté béninois.

Cependant, pour l’heure, le gouvernement nigérien n’a pas encore tranché. Mais le dossier est actuellement étudié par «les messieurs pétrole du Niger, à commencer par le ministre Foumagoye Gado» en charge du portefeuille de l’Energie et du Pétrole. C’est ce dernier qui a signé, le 30 octobre 2013 à Yaoundé, un accord bilatéral fixant les conditions de transit du pétrole nigérien en terre camerounaise, à travers le pipeline Tchad-Cameroun.

«La production du Niger n’est pas très importante. Dans un premier temps, il s’agit de 60 000 barils par jour et il fallait, pour la valoriser, choisir le chemin le plus court, qui va nécessiter des investissements les moins coûteux. Il se trouve qu’avec le pipeline Tchad-Cameroun, il nous suffira de construire un pipeline d’à peu près 600 Km pour faire la jonction», avait expliqué le ministre nigérien de l’Energie et du Pétrole. Si le Niger abandonne finalement sa première option, le Cameroun sera alors privé d’importantes ressources financières, l’exportation du pétrole nigérien via l’oléoduc Tchad-Cameroun étant assujettie au paiement de droits de transit au Trésor public camerounais.

Ce droit de transit a été revalorisé le 29 octobre 2013, passant de 195 francs Cfa (0,41 dollars) le baril, à 618 francs Cfa (1,30 dollars) le baril. Ce qui a permis au Trésor public camerounais d’engranger 6,5 milliards de francs Cfa au cours des quatre premiers mois de l’année 2014, soit l’équivalent des sommes générées par ce même droit de transit sur une période de 11 mois en 2013.

Brice R. Mbodiam

Source : AgenceEcofin