L’appel à la journée ville morte des six candidats de l’opposition pour protester contre les résultats du scrutin du 10 avril 2016, donnant Idriss Deby Itno victorieux avec un score de 59,92% n’a pas été suivi dans presque toutes les villes du pays.   

Si le premier appel à une journée ville morte d’une frange de la société civile a été suivi, beaucoup d’observateurs de la scène publique situent le contexte dans lequel  l’appel avait été lancé. La journée ville morte de la société civile a été lancée au moment où toute la société tchadienne était indignée de la séquestration, du viol et la publication de la vidéo sur internet de la jeune lycéenne Zara Mahamat Yesko alias Zouhoura.  Ce jour les marchés et les rues de la capitale, et une grande partie de l’administration ont été vidés en solidarité avec Zouhoura.

Ensuite, la population a été désagréablement surprise que, ce fût une protestation contre une candidature d’Idriss Déby Itno. «On peut nous tromper une fois mais pas deux fois. La fois dernière, on nous a dit c’était pour l’affaire Zouhoura. Nous avons fermé nos boutiques en solidarité à la lycéenne. Une journée fait perdre à un commerçant beaucoup d’argent. Les politiciens n’ont qu’à gérer leur problème ailleurs», confie Issa Ahmat, un commerçant détaillant au Marché Central de N’Djaména. «La plupart des commerçants au Tchad, ce sont des gens qui gagnent leur pitance au quotidien. Ce n’est pas facile pour beaucoup de rester à la maison, pour des raisons politiques»,  complète son voisin Adam Idriss.

Au centre-ville, à sa sortie d’une banque de la place, un homme d’affaire explique qu’avec une économie trop fragile, les opérateurs économiques tchadiens en ont marre de guéguerres entre les hommes politiques. Selon lui, les six candidats de l’opposition qui appellent à une journée ville morte  avaient la possibilité de recours légal qu’ils ont abandonné, alors il n’y a pas de raison de les suivre. «Nous en avons assez. Un candidat est élu officiellement. Nous ne voulons plus de désordres, il faut que les politiciens nous laissent faire tranquillement nos affaires», lance l’homme d’affaire.