L’Association des Jeunes Femmes Cadres du Tchad a fait parvenir à notre rédaction cette correspondance adresser à la première Hinda Deby Itno que nous avons décidé de diffuser dans son intégralité. Le titre est celui que les auteurs ont donné au texte.

Madame la Première Dame,

Nous avons décidé de vous écrire suite au forum des Femmes Leaders du Tchad qui s’est tenu le 22 mars 2014 dans la salle de conférences du Palais du 15 Janvier, auquel nous avons participé et à l’issue duquel un Conseil National des Femmes (CONAF-Tchad) a été mis en place.

Alors que nous voyions dans cette rencontre, une étape décisive dans la promotion des femmes tchadiennes, une opportunité de parler d’une même voix, de trouver des solutions à nos problèmes, permettez-nous de faire constater, Madame la Première Dame, que celle-ci a été à notre grand désarroi, une Nième illustration de cette marginalisation que connaît la jeunesse féminine du Tchad depuis quelques années.

Tout d’abord, nous déplorons les manquements autour de l’organisation et le déroulement de ce forum. En effet, la plus grande des aberrations aura été le mode de désignation unilatéral des Membres du bureau exécutif du CONAF.
Dans ce genre d’association où il est de coutume d’adopter une approche participative dans la mise en place des différents organes représentatifs, l’assemblée s’est vue servir sur un plat une liste établie d’avance, subjective , et non représentative de certaines catégories telles que le secteur privé, les jeunes, les arabophones, les femmes rurales, etc. Ce qui n’a pas manqué de provoquer un tollé dans la salle.

Il se pose dès lors, Madame la Première Dame, un problème de légitimité de ce bureau qui aura pour rôle de porter la voix d’une assemblée qui ne l’aura pas désigné, pire, qui le conteste.

Nous déplorons ensuite le fait que ce forum ait été organisé et « bouclé » dans la précipitation et que les textes fondateurs n’aient fait l’objet d’aucun débat contradictoire digne de ce nom. Tous ces manquements à défaut de marquer une nouvelle ère dans la promotion de la femme, placent ce forum dans la lignée des forums infructueux.

Par ailleurs, depuis plusieurs décennies déjà, nous assistons à un recyclage perpétuel des mêmes figures féminines, alors même qu’il y a une nouvelle génération de jeunes femmes intellectuelles, maintenue dans l’ombre, qui ne demande qu’à mettre ses compétences au service de son pays.

Nous, jeunesse féminine tchadienne, une catégorie à la croisée de deux priorités du Chef de l’Etat (la jeunesse et les femmes), sommes systématiquement exclues de la sphère de prise de décisions et stoppées dans notre élan. Les obstacles que nous rencontrons dans la quête de notre épanouissement professionnel sont colossaux, alors que souvent certaines regagnent le pays pleines d’espoir et au prix de nombreuses et diverses renonciations.

Le Président de la République a réservé aux femmes un quota de 30% dans les postes décisionnels, ce quota ne sera, hélas, jamais atteint ! Parce que les profils appropriés sont systématiquement étouffés dans un contexte où beaucoup les considèrent comme une menace à la préservation de leurs pré-carrés.

Cet opportunisme politique et l’absence de solidarité entre les femmes sont les principales armes de destruction contre la jeunesse féminine qui constitue pourtant une bonne part de la force vive de notre nation, et qui a un rôle crucial à jouer dans l’émergence économique d’un pays.

Considérant qu’il est ressorti de ce forum une motion spéciale pour une solidarité féminine réelle et effective, nous nous adressons à vous, qui avez choisi de plaider la cause des femmes, afin que toute la classe féminine du Tchad soit impliquée, valorisée, et puisse participer aux prises de décisions dans notre pays. Ce qui permettra, par la même occasion, de traduire dans les faits une des volontés politiques primordiales du Chef de l’Etat.

Il y va de l’avenir et de l’intérêt de notre Nation !

L’Association des Jeunes Femmes Cadres du Tchad

JFCTchad@gmail.com