«Le tronçon Algérie de la Transsaharienne est terminé jusqu’à la frontière avec le Niger. L’autre partie, qui compte 400 km, vers le Mali vient de démarrer », c’est ce qu’a déclaré, hier, le Secrétaire général du comité de liaison de la Transsaharienne.

S’exprimant sur les ondes de la Chaîne 3 de la radio nationale, M. Mohamed Ayadi, soulignera qu’au Niger, il ne reste que 120 km à construire, sur les 980 km. Au Tchad, sur 600  km à réaliser, 300 ont déjà été réalisés.

Au sujet du financement des axes à réaliser prochainement, M. Ayadi affirmera « Nous travaillons d’arrache-pied pour la dernière section sur l’axe Alger – Lagos qui est au Niger et la banque africaine vient de faire une mission en Algérie, au Niger et au Tchad, pour financer à la fois ce projet et financer un autre projet au Tchad ».

Abordant le volet de la rentabilité économique de la Transsaharienne, l’invité de la rédaction notera, se référant à une étude, que « l’évolution de la route s’est faite beaucoup plus rapidement que les échanges »,  d’où, préconise-t-il, la nécessité de « créer une instance qui s’occupe de ces échanges pour favoriser les échanges économiques ».

Faisant une rétrospective sur l’historique de la Transsaharienne, il rappellera que le réseau routier africain recèle 2 millions de kilomètres dont seulement 20% sont revêtus. « De ce fait, le commerce est à un niveau très bas. Il ne représente que 3% du commerce international. Le coût du transport représente 50%  du coût du produit. C’est cela qui a amené le projet de la Transsaharienne. »

Un kilomètre d’autoroute coûte 100 milliards de centimes
C’est connu, la réalisation d’une route coûte très cher, mais peu de gens savent qu’un kilomètre d’autoroute, coûte la bagatelle de 100 milliard de centimes !

Pourquoi, les autoroutes sont elles aussi chères et pourquoi on ne construit pas des routes en béton dans notre pays comme cela se fait dans certains pays pour économiser le coût d’une réalisation ?

Pour le responsable, « la réalisation d’une autoroute coûte cher parce que l’on ne construit une autoroute que si le trafic sur la voie normale dépasse un certain niveau, soit, environ 7.000 à 10.000 véhicules ». La seconde raison, poursuit M. Ayadi, « c’est que sur les autoroutes circulent les camions. Et pour reprendre l’agressivité des camions, il faut notamment un corps de chaussée épais, des matériaux traités, l’assainissement, le mobilier, etc., ce qui inclut un coût très élevé. »

Concernant le recours éventuel aux routes en béton, il estimera que « ce qui est certain, c’est qu’il faut être attentif au prix du ciment pour savoir si l’on a ou pas intérêt à le faire. Il faut également mettre en exergue que la technique de construction des routes en béton est un peu plus complexe que celle des routes en béton bitumineux. »

A propos du savoir-faire algérien, M. Ayadi soutiendra que mis à part le géant de la construction algérien, Cosider, « nous n’avons pas le niveau international requis pour la réalisation des routes, aux standards internationaux et dans des délais impartis dans les cahiers de charge. »

Il est à retenir, par ailleurs, que dans le transport terrestre, les transports par route se taillent la part du lion, avec un pourcentage de 80%. « En comparaison avec le rail, ce dernier n’est rentable que s’il transporte de très grandes quantités sur de très grandes distances, or la route offre l’avantage de faire le porte à porte et donc d’être à proximité des centres commerciaux. »

De l’avis de M. Ayadi, chez nous, il n’y a pas la logistique, qui permet de coordonner avec efficience et le transport par rails et le transport par routes. « Ce qui fait que la route porte une grande charge de transport dans notre pays », constate-t-il, avant de souligner l’impérieuse nécessité d’une logistique de manutention, de chargement et de mise dans les formes requises. « Cela n’est pas encore tout à fait mis en place mais c’est en cours », rassure M. Ayadi.

Interrogé sur la place qu’occupe aujourd’hui le réseau routier national dans le schéma national d’aménagement du territoire adopté, le SG du comité de liaison de la Transsaharienne rappellera de prime abord que le schéma d’aménagement est une loi qui  définit les orientations. Et ce sont ces orientations qui sont mises en pratique par les schémas directeurs. Ces orientations afférant aux routes concernent « la fluidité des échanges, le lien national et le développement local », note l’invité de la rédaction avant d’ajouter « Nous avons un schéma directeur qui dans les grandes lignes s’est traduit par des rocades horizontales qui nous lie dans notre développements à nos pays voisins maghrébins, et qui nous lie aussi dans le Sud par la Transsaharienne et par d’autres axes vers les pays sahariens. On retrouve plusieurs rocades afférentes à cet ouvrage d’envergure. (L’autoroute Est-Ouest, la rocade vers Zéralda, celle vers les hauts plateaux ainsi que les axes d’Oran, Béchar, Skikda et Illizi) ».

Le réseau routier, a rappelons le, connu une très grande évolution dans notre pays. Il est passé de 35.000 km, à l’indépendance, à 120.000 km actuellement. « C’est quelque chose d’énorme si on ajoute ce détail qu’on a près de 1.200 km d’autoroutes et un peu plus de 1.000 km de routes à deux voies », met en relief le responsable.

D’autre part, et évoquant l’application du péage pour l’autoroute Est-Ouest, M. Ayadi relèvera que cette option est une « excellente chose », estimant toutefois que la mesure ne devrait pas être appliquée pour la Transsaharienne. « Il faut encourager les gens à aller sur la transsaharienne », insiste-t-il, et de préciser on ne peut pas y appliquer le péage « parce que c’est un cas différent », puisqu’il s’agit de relier des régions enclavées à travers plusieurs pays africains.

Enfin, il y a lieu de signaler que M. Mohamed Ayadi,  SG du comité de liaison de la Transsaharienne, a 40 ans d’expérience dans son domaine d’activité des travaux publics, et a occupé plusieurs postes de responsabilités, notamment, celui de directeur général du laboratoire des TP.

Soraya G.
Source: elmoudjahid.com