Khartoum – Plus de 300 migrants clandestins ont été abandonnés par leurs passeurs en plein désert entre le Soudan et la Libye, où dix d’entre eux ont trouvé la mort, a annoncé mercredi l’armée soudanaise.

Ils étaient en route pour la Libye en tant que migrants clandestins, a expliqué à l’AFP Sawarmi Khaled Saad, un porte-parole de l’armée. Les passeurs les ont laissés dans le désert à la frontière.

Les dix morts sont six Soudanais, deux Ethiopiens, un Erythréen, et une personne dont la nationalité est inconnue, a indiqué Abdelaziz Hassan Salih, un responsable du ministère soudanais des Affaires étrangères cité par l’agence officielle SUNA.

Les survivants ont faim et soif, a-t-il souligné.

Un gang se livrant au trafic d’êtres humains leur a ordonné de descendre de leurs véhicules, a ajouté M. Salih. Les passeurs abandonnent souvent les migrants après avoir reçu l’argent demandé.

Sur le site internet du ministère de la Défense, M. Saad a fait état d’un total de 319 migrants retrouvés lors d’une opération menée conjointement par des soldats soudanais et libyens.

Les survivants sont notamment des Ethiopiens, des Erythréens, des Pakistanais et des Bangladais, a-t-il précisé.

Les survivants sont en mauvaise santé. Ils reçoivent actuellement des soins et sont en cours de transfert vers Dongola, à 500 km au nord-ouest de Khartoum, a-t-il expliqué sur le site.

Le consul soudanais à Koufra, en Libye, a agi rapidement en coordination avec les autorités libyennes et une force conjointe soudano-libyenne à la frontière, a-t-il dit.

La région désertique s’étendant de l’est du Soudan à travers l’Egypte jusqu’à la péninsule du Sinaï est un des axes principaux de trafic de réfugiés et migrants africains en quête d’un avenir meilleur.

Des milliers d’Erythréens fuient chaque année en direction d’Israël, tandis que d’autres cherchent à gagner l’Europe en traversant la Méditerranée.

Selon les chiffres officiels soudanais, quelque 600 Erythréens par mois parviennent à gagner le Soudan. La majorité d’entre eux veulent poursuivre la route, selon une source proche du dossier.

En février, l’organisation Human Rights Watch a dénoncé une connivence entre des officiers des services soudanais de sécurité et des trafiquants accusés de torturer des migrants érythréens et de les détenir pour obtenir une rançon.

En novembre, les autorités d’une province soudanaise frontalière de l’Erythrée ont demandé l’aide de l’Union européenne pour lutter contre de puissants groupes criminels organisés engagés dans le trafic d’êtres humains.

Pour les migrants qui sont à la merci de ces trafiquants, le voyage à travers le désert et parfois plusieurs mers est périlleux. Mais les candidats au départ sont toujours plus nombreux.

Selon le Conseil italien des réfugiés (CIR), 10.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, soit dix fois plus que sur la même période de 2013.

(©AFP / 01 mai 2014 00h20)