YAOUNDE, 19 juin (Xinhua) — Les représentants des pays d’ Afrique centrale à une réunion sur la protection et la conservation des écosystèmes forestiers tenue jeudi et vendredi à Yaoundé se sont prononcés pour mener avec l’aide des partenaires internationaux une lutte acharnée contre le braconnage et le commerce illicite de la faune et la flore sauvages.

“L’adoption par l’Afrique d’une stratégie commune de lutte contre le braconnage et le commerce illicite de la faune et la flore sauvages nous amène à oeuvrer dans le cadre d’une stratégie sous-régionale et des stratégies nationales pour l’éradication de ces fléaux qui érodent et appauvrissent la biodiversité et créent des conditions d’insécurité dans nos Etats”, a souligné le ministre congolais de l’Economie forestière et du Développement durable, Henri Djombo, à l’ouverture de ces assises jeudi.

Deuxième poumon écologique du monde après l’Amazonie, le Bassin du Congo composé des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) est connu pour receler une riche faune constituée d’espèces endémiques et emblématiques comme l’éléphant, le lion, l’éland de derby, le bongo, l’hippopotame, la panthère, le buffle, le sitatunga, la girafe, le gorille, etc.

Parmi ces animaux, l’éléphant passe pour l’une des principales cibles des actes de braconnage menés parfois à l’aide d’armes de guerre. Selon les statistiques, ce phénomène est l’origine d’une baisse de 62% des effectifs des populations de ce géant des forêts entre 2002 et 2011 en Afrique centrale.

A l’instar du massacre de plusieurs centaines d’éléphants dans le Parc national de Bouba Ndjida au Cameroun entre 2011 et 2012, la période 2009-2014 est la plus cruciale, avec la perte de 20.000 à 25.000 de ces animaux tués illégalement, sur une population estimée entre 420.000 et 650.000 individus, de l’avis du ministre camerounais des Forêts et de la Faune, Ngole Philip Ngwese.

“Dans les dix dernières années, le Gabon a perdu près de 18.000 éléphants. C’est absolument monstrueux ! Il se trouve que dans la sous-région le Gabon est l’un des pays refuges des éléphants, parce que la population est faible, les forêts sont vastes”, a observé à Xinhua Omer Ntougou Ndoutoumé, secrétaire exécutif du Réseau des aires protégées d’Afrique centrale (RAPAC).

D’après ce responsable institutionnel, “le trafic professionnel d’ivoire est devenu international. C’est un trafic qui à l’échelle mondiale représente des milliards de francs CFA. Donc, un braconnier qui achète à un petit villageois des pointes d’ivoire à 50.000 francs CFA [10O dollars], il les revend sur le marché asiatique à 3 millions de francs CFA (6.000 dollars). Donc, vous voyez que ça rapporte énormément. En conséquence, ces gens-là sont prêts à tout, ils viennent avec des armes dans nos forêts”.

Les efforts menés par les pays pour lutter contre ce trafic produisent pour l’heure peu de résultats probants, à cause des faiblesses et des insuffisances structurelles conjuguées à des contraintes budgétaires qui font que ces pays n’investissent pas assez pour équiper en armement leurs services de sauvegarde de la faune,dont les personnels sont parfois transformés en véritables chairs à canon.

“Cette lutte doit être accrue avec des mesures rigoureuses et des actions concrètes soutenues par une ferme volonté politique et des moyens adéquats de mise en oeuvre”, a exhorté le ministre Henri Djombo, qui a en même temps appelé les partenaires qui contribuent à accroître leur appui aux pays du Bassin du Congo.

Il a aussi invité ces pays à mettre en place des mécanismes financiers plus sûrs, autrement dit des mécanismes innovants tels que le paiement de services environnementaux, la taxe sur les transactions financières et les services émissifs de gaz à effet de serre.

C’est notamment sous le thème “gouvernance et gestion des aires protégées : solutions inspirantes, novatrices et durables” que s’ est tenue la 5e édition des Journées des aires protégées d’Afrique centrale de lundi à vendredi dans la capitale camerounaise, en présence des membres du Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo (PFBC) qui regroupe 73 gouvernements et organisations.

“L’objectif, ce n’est pas de protéger vaille que vaille l’ éléphant.L’objectif, c’est de protéger les écosystèmes. Dieu nous a donné une nature telle qu’elle, nous les transmettons à nos enfants telle qu’elle, en veillant à ce que l’action de l’homme soit minimale”, a indiqué le secrétaire exécutif du RAPAC, une organisation institutionnelle de plus d’une centaine d’aires protégées